Portrait d'Emmanuel Kant Introduction à la philosophie critique d'Emmanuel Kant
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Königsberg en 10 images Chronologie contemporaine à Kant
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Vocabulaire théorique :

S : Scepticisme :, Schématisme de l'entendement pur (Schematismus) :, Schème transcendantal comme moyen terme entre catégorie et phénomène (Schema) :, Sens (Sinn) :, Sens communs :, Sensation (Empfidung) :, Sensibilité (Sinnlichkeit):, Sentiment (Gefühl) :, Série (Reihe) :, Solution :, Sophismes (Sophistikationen) :, Souverain bien (idéal du) (Höchstes Gut) :, Substance (Substanz) :, Substrat (Substrat) :, Sujet (Untertan) :, Synthèse (Synthesis, Zusammentzung) :, Système (System) :

Scepticisme :

C'est un principe d'une ignorance artificielle et scientifique qui ruine les fondements de toutes la connaissance pour ne lui laisser part, si possible, ni sûreté, ni certitude (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 2, Sec 2, p336).

 

Schématisme de l'entendement pur (Schematismus) :

C'est la méthode que suit l'entendement à l'égard du schème de l'entendement pur.

Le schématisme de notre entendement, relativement aux phénomènes et à leur simple forme, est un art caché dans les profondeurs de l'âme humaine et dont il sera toujours difficile d'arracher le vrai mécanisme à la nature, on peut seulement dire que :

 

1. L'image est un produit du pouvoir empirique de l'imagination productrice ;

 

2. le schème des concepts sensibles, comme des figures dans l'espace, est un produit et en quelque sorte un monogramme de l'imagination pure a priori, au moyen duquel et suivant lequel les images sont tout d'abord possibles ;

 

3. Ces images ne doivent toujours être liées au concept qu'au moyen du schème qu'elle désignent et auquel elles ne sont pas en soi adéquate.

 

Ainsi le schématisme transcendantal de l'imagination ne tend à rien d'autre qu'à l'unité de tout le divers de l'intuition dans le sens interne, et ainsi indirectement à l'unité de l'aperception comme fonction qui correspond au sens interne (à une réceptivité).

 

Schème transcendantal comme moyen terme entre catégorie et phénomène (Schema) :

Le schème transcendantal est un troisièmes terme qui est homogène, d'un côté, à la catégorie, de l'autre, aux phénomènes, et qui rend possible l'application de la première au second. Cette représentation intermédiaire doit être pure et cependant il faut qu'elle soit, d'un côté, intellectuelle, et de l'autre, sensible.

De la détermination transcendantale du temps comme schème des concepts de l'entendement : Or seule une détermination transcendantale de temps est homogène à la catégorie (qui en constitue l'unité), en tant qu'elle est universelle [ mais quel est le rapport homogène entre le temps et les catégories? l'universalité?] et qu'elle repose sur une règle a priori et elle est homogène au phénomène, en tant que le temps est renfermé dans chaque représentation empirique du divers.

C'est pourquoi une application de la catégorie aux phénomènes sera possible seulement au moyen de la détermination transcendantale de temps, et cette détermination, comme schème des concepts de l'entendement, sert à opérer la subsomption des phénomènes sous la catégorie (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 1, p151).

Du schème du concept de l'entendement : C'est la condition formelle de la sensibilité (notamment du sens interne) qui contient la condition générale permettant seule à la catégorie de s'appliquer à n'importe quel objet. En ce sens c'est cette condition formelle et pure de la sensibilité, à laquelle est restreint dans son usage de l'entendement (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 1, p152). De la distinction entre le schème et l'image : Le schème n'est pas toujours par lui-même qu'un produit de l'imagination, mais comme la synthèse de l'imagination n'a pour but aucune intuition particulière, mais seulement l'unité dans la détermination de la sensibilité, il faut bien le distinguer le schème de l'image.

 

1. Quand je dispose cinq points les uns à la suite des autres :....., c'est une image du nombre cinq ;

 

2. quand je ne fais que penser à un nombre en général, cette pensée est la représentation d'une méthode pour représenter une multitude dans une image, conformément à un certain concept, plutôt que cette image même, qu'il me serait difficile de parcourir des yeux et de comparer au concept (si le nombre est mille par ex.).

 

Le schème d'un concept est donc la représentation d'un procédé général de l'imagination pour procurer à un concept son image. En ce sens nos concepts sensibles purs n'ont pas pour fondement des images des objets, mais des schèmes.

Exemple du triangle :

 

1. Il n'y pas d'image d'un triangle qui puisse être adéquate au concept d'un triangle en général ;

 

2. aucune image ne peut atteindre la généralité du concept mais sera toujours restreinte à une seule partie de cette sphère ;

 

3. le schème ne pouvant jamais exister ailleurs que dans la pensée, il signifie une règle de la synthèse de l'imagination, relativement à des figures pures dans l'espace.

 

De même pour un objet de l'expérience ou une image de cet objet qui atteignent bien moins encore le concept empirique, ceux-ci se rapportent toujours au schème de l'imagination comme à une règle qui sert à déterminer notre intuition conformément à un certain concept en général (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 1, p152).

Ce qu'est le schème du concept pure :

 

1. Le schème d'un concept pur de l'entendement est quelque chose qui ne peut être ramené à aucune image ;

 

2. il est la synthèse pure faite conformément à une règle de l'unité par concepts en général, règle qui exprime la catégorie ;

 

3. il est un produit transcendantal de l'imagination qui concerne la détermination du sens interne en général d'après les conditions de sa forme (le temps) par rapport à toutes les représentations, en tant qu'elles doivent s'enchaîner a priori dans un concept, conformément à l'unité de l'aperception (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 1, p153).

Exposition des schèmes transcendantaux d'après l'ordre des catégories et dans leur rapport avec elles :

 

1. L'image pure de toutes les grandeurs (quantorum) pour le sens externe est l'espace, mais celle de tous les objets des sens en général est le temps ;

 

2. le schème pur de la quantité (quantitatis), considérée comme un concept de l'entendement, est le nombre qui est une représentation embrassant l'addition successive de l'unité (à l'homogène), en tant qu'il est l'unité de la synthèse opérée dans le divers d'une intuition homogène en général, par le fait même que je produis le temps lui-même dans l'appréhension de l'intuition ;

 

3. A. la réalité est, dans le concept pur de l'entendement, ce qui correspond à une sensation en général, par conséquent ce dont le concept désigne par lui-même une existence (dans le temps) ;

B. la négation est ce dont le concept représente une non-existence (dans le temps) ;

C. l'opposition de la réalité et de la négation résulte de la différence d'un même temps conçu comme un temps plein ou vide, et cela en tant que le temps n'est que la forme de l'intuition, par conséquent des objets comme phénomènes, ce qui correspond en eux à la sensation est la matière transcendantale de tous les objets comme chose en soi (la choséité, la réalité).

a. en effet chaque sensation a un degré ou une quantité par laquelle elle peut remplir plus ou moins le même temps, c'est-à-dire le sens intérieur relativement à la même représentation d'un objet, jusqu'à ce qu'elle se réduise à rien (=0=négation) ;

b. c'est pourquoi il y a un rapport et un enchaînement ou plutôt un passage de la réalité à la négation qui rend représentable toute réalité, à titre de quantum ;

c. le schème d'une réalité, comme quantité de quelque chose, en tant que ce quelque chose remplit le temps, est précisément cette continuelle et uniforme production de la réalité dans le temps, où l'on descend dans le temps de la sensation qui a un certain de gré jusqu'à son entier évanouissement, ou bien ou l'on s'élève peu à peu de la négation de la sensation à une quantité de cette même sensation ;

 

4. Le schème de la substance est la permanence du réel dans le temps, c'est-à-dire la représentation de ce réel comme un substrat de la détermination empirique de temps en général, substrat qui demeure donc pendant que tout le reste change. Le temps ne s'écoule pas, c'est l'existence de ce qui change qui s'écoule en lui. Au temps qui est lui-même immuable et fixe correspond donc dans le phénomène l’immuable de l'existence, c'est-à-dire la substance, et c'est en elle simplement que peuvent être déterminées la succession et la simultanéité des phénomènes par rapport au temps ;

 

5. Le schème de la cause et de la causalité d'une chose en général est le réel qui, une fois posé arbitrairement, est toujours suivi de quelque autre chose. Il consiste donc dans la succession du divers, en tant qu'elle est soumise ;

 

6. Le schème de la communauté (réciprocité) ou de la causalité réciproque des substances par rapport à leurs accidents est la simultanéité des déterminations de l'une avec celles des autres suivant une règle générale ;

 

7. Le schème de la possibilité est l'accord de la synthèse de différentes représentations avec les conditions du temps en général (les contraires ne peuvent exister en même temps dans une chose, mais seulement l'un après l'autre) ; c'est donc la détermination de la représentation d'une chose par rapport à un temps quelconque ;

 

8. Le schème de la réalité est l'existence dans un temps déterminé ;

 

9. Le schème de la nécessité est l'existence d'un objet en tout temps (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 1, p154). ;

 

On peut donc présenter ce que contient et rend présentable le schème de chaque catégorie :

 

1. Le schème de la catégorie de la quantité contient la production (la synthèse) du temps lui-même dans l'appréhension nécessaire d'un objet ;

 

2. Le schème de la catégorie de la qualité contient la synthèse de la sensation (perception) avec la représentation du temps (ou le fait de remplir le temps) ;

 

3. Le schème de la catégorie de la relation contient le rapport des perception les unes par rapport aux autres en tout temps (c'est-à-dire suivant une règle de la détermination de temps) ;

 

4. Le schème de la catégorie de la modalité et de ses catégories, contient le temps lui-même, en qualité de corrélatum de la détermination d'un objet, sur la question de savoir si et comment il appartient au temps ;

 

Les schèmes ne sont pas autre chose que des déterminations de temps a priori, faites suivant des règles, et ces déterminations, suivant l'ordre des catégories, concernent la série du temps, le contenu du temps, l'ordre du temps, par rapport à tous les objets possibles.

Les schèmes des concept purs de l'entendement sont donc les vraies et les seules conditions qui permettent de procurer à ces concepts un rapport à des objets, par suite une signification. Les catégories ne sauraient avoir en définitive aucun autre usage empirique possible, puisqu'elles servent simplement à soumettre, au moyen des principes d'une unité nécessaire a priori (en vertu de l'union nécessaire de toute conscience dans une aperception originaire), les phénomènes aux règles générales de la synthèse et de les rendre propres à former une liaison universelle dans une expérience.

Mais si les schèmes de la sensibilité réalisent tout d'abord les catégories, ils les restreignent aussi, c'est-à-dire qu'ils les limitent à des conditions qui sont en dehors de l'entendement (c'est-à-dire dans la sensibilité). C'est pourquoi le schème n'est proprement que le phénomène, ou le concept sensible d'un objet, en tant qu'il s'accorde avec la catégorie (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 1, p155).

Sens (Sinn) :

Le sens externe : Le sens externe est le moyen par lequel nous nous représentons des objets comme hors de nous et placés tous ensemble dans l'espace (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 1°partie, esthétique transcendantale, §2, p55). Le sens interne : C'est le moyen duquel l'esprit s'intuitionne lui-même ou intuitionne aussi sont état interne. mais il ne donne pas l'intuition de l'âme elle-même comme d'un objet, c'est cependant une forme déterminée sous laquelle l'intuition de son état interne devient possible, de sorte que tout ce qui appartient aux déterminations internes est représenté suivant les relations du temps (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 1°partie, esthétique transcendantale, §2, p55).

Le sens interne ne nous représente nous-mêmes à la conscience que comme nous apparaissons et non comme nous sommes en nous-mêmes, parce que nous n'avons d'autre intuition de nous-mêmes que celle de la manière dont nous sommes intérieurement affectés, ca qui paraître être contradictoire, attendu que nous devrions nous comporter comme passifs vis-à-vis de nous-mêmes ; aussi d'habitude, préfère-t-on donner pour identiques, dans les systèmes de psychologie, le sens interne et le pouvoir de l'aperception (que nous distinguons soigneusement).

De la détermination du sens interne :

Ce qui détermine le sens interne, c'est l'entendement et son pouvoir originaire de lier le divers de l'intuition, c'est-à-dire de le ramener à une aperception.

Le sens interne renferme la simple forme de l'intuition, mais sans liaison du divers qu'elle contient, il ne contient donc pas encore une intuition déterminée, laquelle n'est possible que par la conscience de la détermination du sens interne au moyen de l'acte transcendantale de l'imagination, c'est-à-dire par l'influence synthétique de l'entendement sur le sens interne, autrement dit la synthèse figurée (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §24, p132, 2°éd.).

Sens interne et sujet :

Le sens interne ne nous fournit de nous-mêmes qu'une intuition conforme à la manière dont nous sommes intérieurement affectés par nous-mêmes c'est-à-dire qu'en ce qui concerne l'intuition interne, nous ne connaissons notre propre sujet que comme phénomène et non dans ce qu'il est en soi (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §24, p135, 2° éd.).

 

Sens communs :

Du goût : Le goût appartient à la nature spéciale su sens dans le sujet qui en jouit. De la couleur : Les couleurs ne sont pas des qualités des corps à l'intuition desquelles elles se rapportent, mais seulement des modifications du sens de la vue qui est affecté par la lumière d'une certaine façon.

Remarque commune au goût et à la couleur :

La saveur et les couleurs ne sont pas du tout des conditions nécessaires sous lesquelles seules les choses puissent devenir pour nous des objets des sens. Elles ne sont liées au phénomène qu'en qualité d'effets de notre organisation particulière qui s'y ajoutent accidentellement. Elles ne sont pas des représentations a priori, mais elles se fondent sur la sensation ; une saveur agréable se fonde même sur le sentiment de plaisir et de peine considéré comme un effet de la sensation. Aussi personne ne peut-il avoir a priori la représentation ni d'une couleur, ni d'une saveur quelconque (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 1°partie, esthétique transcendantale, §3, p60).

 

Sensation (Empfidung) :

C'est l'impression d'un objet sur la faculté représentative, en tant que nous en sommes affectés (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 1°partie, esthétique transcendantale, §1, p53).

La sensation, en tant que matière de la connaissance, est dans notre connaissance, ce qui fait qu'elle se nomme connaissance a posteriori, c'est-à-dire intuition empirique et de quelque espèces que puissent être nos sensations, les sensations peuvent être très différentes (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 1°partie, esthétique transcendantale, §8, p68).

 

Elle est ce qui désigne une réalité dans l'espace et dans le temps, suivant qu'elle est rapportée à l'une ou l'autre espèce d'intuition sensible.

Une sensation reçoit le nom de perception quand elle est appliquée à un objet en général sans le déterminer (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 1, p303).

Sensibilité (Sinnlichkeit) :

Par la sensibilité les objets nous ont donnés. La sensibilité appartiendrait à la philosophie transcendantale en tant qu'elle devrait contenir des représentations a priori qui constituent les conditions sous lesquelles les objets nous sont donnés (Critique de la raison pure, Intro 1°ed., p49).

Elle devrait former la première partie de la science des éléments, puisque les conditions sous lesquelles seuls sont donnés les objets de la connaissance humaine, précèdent celles sous lesquelles ces mêmes objets sont pensés (Critique de la raison pure, Intro 1°ed., p49). :

"Cette réceptivité de notre capacité de connaître s'appelle sensibilité" (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 1°partie, esthétique transcendantale, §8, p69).

 

C'est la capacité de recevoir des représentations grâce à la manière dont nous sommes affectés par les objets (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 1°partie, esthétique transcendantale, §1, p53).

La sensibilité, en tant que forme constante de la réceptivité, est une condition nécessaire de tous les rapports dans lesquels nous intuitionnons les objets comme extérieurs à nous, et si l'on fait abstraction de ces objets, elle est une intuition pure qui porte le nom d'espace. C'est pourquoi nous pouvons faire des conditions particulières de la sensibilité les conditions de leur manifestation phénoménale, ainsi nous pouvons dire que l'espace contient toutes les choses qui peuvent nous apparaître extérieurement, mais non toutes les choses en elles-mêmes, qu'on puisse ou non les intuitionner et quelque soit le sujet qui le puisse (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 1°partie, esthétique transcendantale, §3, p59).

La sensibilité est cette conscience qui exige une perception interne du divers qui est préalablement donné dans le sujet sans aucune spontanéité (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 1°partie, esthétique transcendantale, §8, p73).

 

Nous appelons sensibilité la réceptivité de notre esprit, c'est-à-dire le pouvoir qu'il a de recevoir des représentations en tant qu'il est affecté d'une manière quelconque et sans la sensibilité, nul objet ne nous serait donné (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale des éléments, 2°partie, intro I, p76).

De la théorie transcendantale de la sensibilité : Elle devrait former la première partie de la science des éléments, puisque les conditions sous lesquelles seuls sont donnés les objets de la connaissance humaine, précèdent celles sous lesquelles ces mêmes objets sont pensés (Critique de la raison pure, Intro 1°ed., p49).

 

Sentiment (Gefühl) :

Le sentiment n'est pas une faculté représentative des choses et il est en dehors de la faculté de connaître tout entière et c'est pourquoi les éléments de nos jugements, en tant qu'ils se rapportent au plaisir ou à la peine, appartiennent par conséquent à la philosophie pratique et non à la philosophie transcendantale en son ensemble, laquelle n'a affaire qu'à des connaissances pures a priori (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Canon de la raison pure, Sec 1, p541).

 

Série (Reihe) :

La série des prosyllogismes : C'est la série des connaissances poursuivies du côté des principes ou des conditions d'une connaissance donnée, ou en d'autre terme c'est la série ascendante des raisonnements.

En ce cas la connaissance (conclusio) n'est donnée que comme conditionnée et on ne saurait l'atteindre, au moyen de la raison, que si l'on suppose du moins donné tous les membres de la série du côté des conditions (la totalité dans la série des prémisses), ce n'est que dans cette supposition que le jugement en question est possible a priori. Si donc une connaissance est regardée comme conditionnée, la raison est obligée de considérer la série des conditions suivant une ligne ascendante comme achevée et comme donnée dans sa totalité.

La série des épisyllogisme : C'est la série descendante que fait la raison du côté du conditionné.

Or du côté du conditionné ou des conséquences, on ne conçoit qu'une série en devenir et non une série entièrement déjà supposée ou donnée et donc une progression virtuelle (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre I, Sec 2, p272).

 

Solution :

Solution critique : La solution critique ne considère pas la question objectivement, mais au point de vue du fondement de la connaissance sur lequel elle repose (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 2, Sec 4, p369).

 

Sophismes (Sophistikationen) :

Ce sont des raisonnement qui ne contiennent pas de prémisses empiriques et au moyen desquels nous concluons de quelque chose que nous connaissons à quelque autre chose dont nous n'avons aucun concept et à quoi nous attribuons tout de même de la réalité objective, par une inévitable apparence (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, p277).

 

Souverain bien (idéal du) (höchstes Gut) :

De l'idéal du souverain bien : L'idée d'une telle intelligence, où la volonté, la plus parfaite moralement, jouissant de la souveraine félicité, est la cause de tout bonheur dans le monde, en tant que ce bonheur est en rapport étroit avec la moralité (c'est-à-dire, avec ce qui rend digne d'être heureux), cette idée, je l'appelle l'idéal du souverain bien.

La raison pure ne peut donc trouver que dans l'idéal du souverain bien originaire le principe de connexité pratiquement nécessaire des deux éléments du souverain bien dérivé, c'est-à-dire dans un monde intelligible ou moral.

Or, comme nous devons nous représenter nous-mêmes, d'une manière nécessaire, par la raison, comme faisant partie d'un monde de ce genre, bien que les sens ne nous présentent qu'un monde de phénomènes, nous devons admettre ce monde, comme une conséquence de notre conduite dans le monde sensible, et puisque ce dernier ne nous offre pas une telle liaison, comme un monde à venir pour nous.

Donc Dieu et une vie future sont, suivant les principes de la raison pure, deux suppositions inséparables de l'obligation que nous impose cette même raison (p546).

 

SSubstance (Substanz) :

"Dans tous les phénomènes, le permanent est donc l'objet même, c'est-à-dire la substance (phaenomenon), mais tout ce qui change ou peut changer n'appartient qu'au mode interne de cette substance ou de ces substances et par suite, à leur détermination" (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 2, sec 3, p179).

 

"Dans tous les changements qui arrivent dans le monde, la substance demeure et seuls changent les accidents"

 

C'est lorsque, si dans le concept empirique que vous avez d'un objet quel qu'il soit, corporel ou non corporel, vous laissez de côté toutes les propriétés que vous enseigne l'expérience, il en est une que vous ne pouvez lui enlever, celle qui vous le fait penser comme substance ou comme inhérent à une substance (Critique de la raison pure, Intro 2°ed., p34).

De la preuve de la substance en tant que proposition synthétique :

La proposition : la substance est permanente, est tautologique.

En effet, cette permanence seule est la raison pour laquelle nous appliquons aux phénomènes la catégorie de la substance, et il aurait fallu prouver que dans tous les phénomènes il y a quelque chose de permanent par rapport à quoi le changeant n'est qu'une détermination d'existence ; ce dont on en peut en donner la preuve.

Du rapport de la substance au phénomène :

En effet, pour ce qu'on veut appeler substance dans le phénomène puisse être le substrat propre de toute détermination de temps, il faut que toute existence, dans le temps passé comme dans le futur, y soit exclusivement déterminée. Nous ne pouvons donc donner à un phénomène le nom de substance que parce que nous supposons que son existence est de tout temps, ce qu'exprime toujours seule le mot permanence qui semble se apporter à l'avenir (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 2, sec 3, p180).

Des accidents ou des modes particuliers d'existence de la substance ou encore de l'inhérence de la substance :

"Les déterminations d'une substance qui ne sont autre chose que des modes particuliers de son existence s'appellent accidents" (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 2, sec 3, p180).

 

Elles sont toujours réelles, parce qu'elles concernent l'existence de la substance (les négations ne sont que des déterminations qui expriment la non-existence de quelque chose dans la substance).

De l'inhérence de la substance :

On appelle inhérence de la substance l'attribution d'une existence particulière à ce réel dans la substance. Mais on s'exprime de manière de manière plus juste en ne désignant sous le nom d'accident que la manière dont l'existence d'une substance est positivement déterminée (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 2, sec 3, p181).

 

Substrat (Substrat) :

C'est la forme permanente de l'intuition intérieure.

Le substrat de tout le réel, c'est-à-dire de tout ce qui appartient à l'existence des choses, est la substance, où tout ce qui appartient à l'existence ne peut être pensé que comme détermination (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 2, sec 3, p177-178, 2°éd.).

Du temps comme substrat :

C'est en le temps comme substrat qu'on peut se représenter la simultanéité aussi bien que la succession (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 2, sec 3, p178).

 

Sujet (Untertan) :

Problématique du sujet :

 

Question : comment puis-je être moi-même en général un objet et même un objet d'intuition et de perception interne?

 

Du sujet comme phénomène ou du sujet comme objet de connaissance :

Pour qu'il en soit réellement ainsi, on peut clairement le montrer dés qu'on tient l'espace pour une simple forme pure des phénomènes des sens externes : du moment que nous ne pouvons pas nous représenter le temps autrement que sous la figure d'une ligne que nous tirons, mode d'exposition qui ne peut nous faire connaître l'unité de sa dimension et de même, du moment que nous tirons toujours la détermination de la longueur du temps or encore des époques, pour toutes les perceptions intérieures, de ce que les choses extérieures nous représentent de changeant et que par conséquent nous devons ordonner dans le temps, en tant que phénomènes, les déterminations du sens interne, exactement de la même manière que nous ordonnons dans l'espace celles des sens externes c'est-à-dire qu'ils ne nous font connaître des objets qu'autant que nous sommes affectés du dehors, nous devons avouer, alors, du sens interne qu'il ne nous fournit de nous-mêmes qu'une intuition conforme à la manière dont nous sommes intérieurement affectés par nous-mêmes c'est-à-dire qu'en ce qui concerne l'intuition interne, nous ne connaissons notre propre sujet que comme phénomène et non dans ce qu'il est en soi (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §24, p135, 2° éd.).

Du sujet "en soi" ou du sujet comme objet de pensée :

C'est dans la synthèse transcendantale du divers des représentations en général, par conséquent dans l'unité synthétique originaire de l'aperception que j'ai conscience de moi-même comme conscience de ce que je suis et non pas comme tel que je m'apparais ou tel que je suis en moi-même.

"Cette représentation est une pensée et non une intuition"

 

De la détermination de l'existence du sujet :

Le "je pense" exprime l'acte qui détermine mon existence. l'existence est donc déjà donné par là, mais la manière dont je dois la déterminer, c'est-à-dire poser en moi le divers qui appartient à cette existence, ne l'est pas encore. il faut pour cela l'intuition de soi-même qui a pour fondement une forme donnée a priori, c'est-à-dire le temps qui est sensible et appartient à la réceptivité de ce qui est à déterminer. Il faut donc une intuition de moi-même donnée avant l'acte de détermination : je ne peux donc pas déterminer mon existence comme celle d'un être spontané mais seulement me représenter la spontanéité de mon acte de pensée, cette spontanéité faisant de moi une intelligence (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §25, np136, 2° éd.).

De l'intuition interne et de l'existence :

Le mode requis de détermination de l'intuition est la détermination de mon existence qui ne peut se faire que conformément à la forme du sens interne et d'après la manière particulière dont le divers, que je lie, est donné dans l'intuition interne, d'après cela, je n'ai donc aucune connaissance de moi tel que je suis, mais je me connais simplement tel que je m’apparais à moi-même.

Ainsi la conscience de soi n'est pas encore une conscience de soi-même malgré toute les catégories qui constituent la pensée d'un objet en général par liaison du divers dans une aperception ; pour la connaissance de moi-même, j'ai encore besoin d'une intuition qui me sert à déterminer cette pensée.

 

"J'existe comme une intelligence qui a simplement conscience de son pouvoir de synthèse, mais qui, par rapport au divers qu'elle doit lier, étant soumise à une condition restrictive qu'elle nomme le sens interne, ne peut rendre perceptible cette liaison que suivant des rapports de temps, qui sont tout à fait en dehors des concepts propres de l'entendement" (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §25, p136-37, 2° éd.).

 

Du double caractère du sujet :

Du caractère empirique ou le caractère de cette chose dans le phénomène :

Le caractère empirique dans un sujet du monde est le caractère par lequel ses actes, comme phénomènes, seraient absolument enchaînés avec d'autre phénomènes, suivant les lois constantes de la nature, et pourraient en être dérivés, comme de leurs conditions, et donc, par leur liaison avec eux, consister les membres d'une série unique de l'ordre naturel.

Du caractère de la chose en soi :

Le caractère intelligible est le caractère par lequel le sujet serait la cause de ses actes, comme des phénomènes, mais qui lui-même ne serait pas soumis aux conditions de la sensibilité et ne serait pas même un phénomène (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 2, Sec 9.III, p397-398).

 

Synthèse (Synthesis, Zusammentzung) :

C'est lorsque le divers est d'abord, d'une certaine manière, parcouru, assemblé et lié pour en faire une connaissance.

 

"J'entends par synthèse, dans le sens le plus général de ce mot, l'acte d'ajouter l'une à l'autre diverses représentations et d'en comprendre la diversité dans une connaissance" (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 1, §10, p92).

 

"Toute liaison est un acte de l'entendement auquel nous devons imposer le nom général de synthèse" (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §15, p108, 2° éd.).

 

De la synthèse en général :

La synthèse est ce qui réunit proprement les éléments constitutifs des connaissances et les unit pour en former un certain contenu ; elle est donc la première chose sur laquelle nous devons porter notre action, lorsque nous voulons juger de l'origine de notre connaissance.

 

"La synthèse en général est le simple effet de l'imagination, c'est-à-dire une fonction de l'entendement" (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 1, §9, p93).

 

De la synthèse pure :

Une synthèse est pure si le divers n'a pas été donné empiriquement, mais a priori (comme celui qui est donné dans l'espace et le temps). Avant toute analyse de nos représentations, celles-ci doivent nous être données et aucun concept ne peut naître analytiquement quant à son contenu.

La synthèse pure, représentée d'une manière générale, donne le concept pur de l'entendement. Mais j'entends par cette synthèse celle qui repose sur un principe synthétique a priori : ainsi notre numération est une synthèse qui se fait d'après des concepts, puisqu'elle a lieu suivant un principe d’unité commun. sous ce concept, l'unité dans la synthèse du divers est donc nécessaire (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 1, §9, p93).

De la synthèse de l'appréhension :

C'est la réunion du divers dans une intuition empirique qui rend possible la perception, c'est-à-dire la conscience empirique de cette intuition (comme phénomène) (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §26, p137, 2°éd.).

Cette unité est celle de la liaison, dans une conscience originaire, du divers d'une intuition donnée en général, mais conformément aux catégories, appliquée seulement à notre intuition sensible. Par conséquent, toute synthèse, qui rend possible la perception même, est soumise aux catégories, et, comme l'expérience est une connaissance par perceptions liées, les catégories sont les conditions de la possibilité de l'expérience et sont donc valables aussi a priori pour tous les objets.

Mais cette unité synthétique, si je fais abstraction de la forme de l'espace, a son siège dans l'entendement, et c'est la catégorie de la synthèse de l'homogène dans une intuition en général ; c'est-à-dire la catégorie de la quantité, à laquelle cette synthèse de l'appréhension, c'est-à-dire la perception, doit être donc entièrement conforme.

On prouve de cette manière que la synthèse de l'appréhension, qui est empirique, doit être nécessairement conforme à la synthèse de l'aperception, qui est intellectuelle et entièrement contenue a priori dans la catégorie. C'est une seule et même spontanéité qui, là sous le nom d'imagination, ici sous celui d'entendement, introduit la liaison dans le divers de l'intuition.

Cette unité synthétique, en qualité de condition a priori, est la catégorie de la cause par laquelle, quand je l'applique à ma sensibilité, je détermine toutes les choses qui arrivent dans le temps en général au point de vue de leur relation. L'appréhension dans un événement de cette espèce est soumise au concept du rapport des effets et des causes, et il en est de même dans tous les autres cas (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §26, p140, 2° éd.).

Des deux sortes de synthèse transcendantales dans la 2° éd. :

Ces deux synthèse sont transcendantales parce qu'elles fondent a priori la possibilité d'autres connaissances.

De la synthèse figurée :

C'est cette synthèse d'un divers sensible, qui est possible et nécessaire a priori.

Mais cette synthèse figurée, quand elle se rapporte à l'unité synthétique originaire de l'aperception, c'est-à-dire cette unité transcendantale qui est pensée dans les catégories, doit pour se distinguer de la liaison simplement intellectuelle, être appelée la synthèse transcendantale de l'imagination.

C'est donc la conscience de la détermination du sens interne au moyen de l'acte transcendantale de l'imagination, c'est-à-dire par l'influence synthétique de l'entendement sur le sens interne (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §24, p132, 2° éd.).

De la synthèse intellectuelle :

C'est cette synthèse qui serait pensée par rapport au divers d'une intuition en général dans la simple catégorie (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §24, p129, 2° éd.).

 

De la représentation synthétique :

Il n'y a pour une représentation synthétique et pour ses objets que deux manières possibles de coïncider, de s'accorder mutuellement d'une façon nécessaire :

1) l'objet seul rend possible la représentation :

Ce rapport n'est qu'empirique et la représentation n'est jamais possible a priori, c'est la cas des phénomènes par rapport à ce qui, en eux appartient à la sensation. Or les deux conditions qui rendent possible la connaissance d'un objet sont l'intuition par laquelle est donné cet objet, mais seulement comme phénomène et le concept par lequel est pensé un objet qui correspond à cette intuition.

Or l'intuition sert en réalité a priori de fondement dans l'esprit aux objets quant à leur forme : avec cette condition formelle de la sensibilité concordent donc nécessairement tous les phénomènes, puisqu'ils ne peuvent apparaître que par elle c'est-à-dire être intuitionnés et donnés empiriquement.

Il s'agit maintenant de savoir s'il ne faut pas admettre aussi des concepts a priori comme conditions qui seules permettent de penser quelque chose comme objet en général.

2) La représentation seule rend possible l'objet :

Puisque la représentation en elle-même ne produit pas son objet quant à l'existence, la représentation est cependant déterminante a priori par rapport à l'objet, dans le cas où par elle seule il est possible de connaître quelque chose comme un objet.

Il y a donc des concepts d'objets en général qui servent de fondement à toutes connaissance expérimentale en qualité de conditions a priori ; par conséquent la valeur objective des catégories comme concepts a priori repose sur ceci : seule elles rendent l'expérience possible (quand à la forme de la pensée).

 

"Les catégories se rapportent nécessairement et a priori à des objets de l'expérience, puisque ce n'est que par elles, en général, qu'un objet de l'expérience peut être pensé" (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §14, p105).

La synthèse régressive :

Dans une série, une synthèse est régressive lorsqu'elle porte sur les conditions, par conséquent celle qui part de la condition la plus voisine du phénomène donné pour remonter aux conditions les plus éloignées, elle porte donc sur les antécédents (C.F. idées).

La synthèse progressive :

Dans une série, une synthèse est progressive lorsqu'elle, du côté du conditionné, s'élève de la conséquence la plus proche aux conséquences plus éloignées, elle porte donc sur les conséquents (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, ch 2, Sec 1, p330).

 

Système (System) :

 

"J'entends par système l'unité de diverses connaissances sous une idée" (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Architectonique de la raison pure, p558).

 

Du rôle de la raison dans la formation du système :

Sous le gouvernement de la raison, nos connaissances en général ne sauraient former une rapsodie, mais elles doivent former un système dans lequel elles peuvent soutenir et favoriser les fins essentielles de la raison.

1. Le système est l'unité de diverses connaissances sous une idée ;

2. or cette idée est le concept rationnel de la forme d'un tout, en tant que c'est en lui que sont déterminées a priori la sphère des éléments divers et la position respective des parties ;

3. donc le concept rationnel scientifique contient la fin et la forme du tout qui concorde avec elle ;

3.1 l'unité du but auquel se rapporte toutes les parties, en même temps qu'elles se rapportent les unes aux autres dans l'idée de ce but, fait qu'aucune partie ne peut faire défaut sans qu'on en remarque l'absence, quand on connaît les autres, et qu'aucune addition accidentelle, ni aucune grandeur indéterminé de la perfection, qui n'ait pas ses limites déterminées a priori, ne peuvent trouver place ;

3.2 Donc le tout est un système organique (articulatio) et non un ensemble désordonné (coacervatio) ;

3.21 le tout peut croître par le dedans (per intussusceptionem), mais non par le dehors (per appositionem), semblable au corps de l'animal auquel la croissance n'ajoute aucun membre, mais rend, sans rien changer aux proportions, chacun des membres plus fort et plus appropriés à ses fins ;

4. pour être réalisé, l'idée a besoin d'un schème ;

4.1 le schème est composé d'une diversité et d'une ordonnance des parties qui sont essentielles et déterminées a priori d'après le principe de la fin (p558) ;

4.11 le schème esquissé empiriquement, c'est-à-dire suivant des fins qui se présentent accidentellement, nous donne une unité technique ;

4.12 le schème qui est esquissé d'après une idée, c'est-à-dire d'après une fin essentielles de la raison, fonde une unité architectonique ;

4.2 or ce que nous appelons science ne peut pas se fonder techniquement, en raison de l'analogie des éléments divers ou des applications contingentes de la connaissance in concreto à toute sorte de fins extérieures arbitraires, mais architectoniquement, en raison de l'affinité des parties et de leur dérivation d'une unique fin suprême et interne ;

4.3 donc le schème doit contenir, conformément à l'idée, c'est-à-dire a priori, l'esquisse (monograma) du tout et sa division en parties et le distinguer sûrement, et suivant des principes, de tous les autres ;

5. personne n'essaie d'établir une science sans avoir une idée pour fondement ;

5.1 dans l'exécution de cette science, le schème et même la définition, que l'on donne dés le début de ladite science, correspondent très rarement à son idée ;

5.2 or l'idée réside dans la raison comme un germe où toutes les parties sont encore très enveloppées, très cachées et à peine reconnaissable à l'observation microscopique ;

5.3 donc, toutes les sciences étant conçues du point de vue d'un certain intérêt général, il faut les définir et les déterminer, non pas d'après la description qu'en donne leur auteur, mais suivant l'idée qu'on trouve fondée dans la raison même de l'unité naturelle des parties qu'il a rassemblées c'est-à-dire déterminer le contenu propre, l'articulation (l'unité systématique) et les limites de la science (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Architectonique de la raison pure, p559).

Du contenu, de l'articulation et des limites de la science :

Ce n'est qu'après avoir rassemblé rapsodiquement beaucoup de connaissance se rapportant à une idée dont la direction était cachée en nous, qu'il nous est enfin possible de voir l'idée dans un jour plus clair et d'esquisser architectoniquement un Tout (ein Ganzes) d'après les fins de la raison.

Les systèmes (comme les vers [sortant du gland du chêne...] semblent avoir une generation aequivoca et sortir d'un simple assemblage de concepts réunis, d'abord tronqués, ils deviennent complets avec le temps, cependant ils avaient tous leur schème, comme germe primitif, dans la raison qui se développe elle-même.

Aussi, non seulement chacun d'eux est-il en soi articulé d'après une idée, mais tous sont-ils encore harmonieusement unis les uns aux autres, comme autant de membres d'un même tout, dans un système de la connaissance humaine, et permettent-ils une architectonique de tout le savoir humain, qui, maintenant que tant de matériaux sont déjà réunis ou peuvent être tirés des ruines des anciens édifices écroulés, non seulement serait possible, mais ne présenterait même pas de bien grandes difficultés (p559).

Nous nous bornons ici à achever notre oeuvre, c'est-à-dire à esquisser simplement l'architectonique de toutes les connaissances provenant de la raison pure et nous ne partons que du point où la racine commune de notre faculté de connaître se divise et forme deux branches dont l'une est la raison (et l'autre l'entendement) (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Architectonique de la raison pure, p560).

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