Portrait d'Emmanuel Kant Introduction à la philosophie critique d'Emmanuel Kant
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Vocabulaire théorique :

M: Mathématique (Mathematik) :, Maxime (Maxime) :, Métaphysique (Metaphysik) :, Méthode (Methode) :, Moment (Moment) :, Monde (Welt) :, Morale pure (Vernen Moral) :, Mouvement (Bewegung) :

Mathématique (mathematik) :

Définition  : La connaissance mathématique est une connaissance rationnelle par construction de concepts (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Discipline de la raison pure, Sec 1, p493). De la mathématique en générale  : Mais construire un concept, c'est se représenter (darstellen) a priori l'intuition qui lui correspond. La construction d'un concept exige donc une intuition non empirique, qui, par conséquent, en tant qu'intuition, soit un objet (object) singulier, mais qui néanmoins, comme construction d'un concept d'une représentation (Vortellung) quelque chose d'universel qui s'applique à toutes les intuitions possibles appartenant à ce concept.

Ex : je construis un triangle en représentant l'objet correspondant à ce concept :

1. soit par la simple imagination (Einbildung), dans l'intuition pure ;

2. soit d'après l'intuition pure sur le papier, dans l'intuition empirique ;

Mais dans les deux cas la construction se fait pleinement a priori sans avoir emprunté le modèle à une expérience possible.

Ainsi, on peut dire :

1. la figure singulière est empirique mais elle sert à exprimer le concept malgré sa généralité ;

2. dans cette intuition empirique on ne considère jamais que l'acte de construction du concept, auquel beaucoup de déterminations comme celle de la grandeur, des côtés et des angles, sont tout à fait indifférentes et qu'on fait, par suite, abstraction de ces différences, qui ne changent pas le concept du triangle (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Discipline de la raison pure, Sec 1, p494).

De la mathématique en particulier : La mathématique ne construit pas simplement des grandeurs (des quantas), comme dans la géométrie, elle construit aussi la simple grandeur (la quantitas), comme c'est dans le cas dans l'algèbre où elle fait entièrement abstraction de la nature de l'objet qui doit être conçu d'après un tel concept de grandeur.

Elle choisit alors une certaine notation de toutes les constructions de grandeurs en général (nombres), comme les notations qui marquent l'addition, la soustraction, etc., l'extraction des racines, et après avoir désigné le concept général des grandeurs suivant les rapports différents de ces grandeurs, elle représente dans l'intuition, d'après certaines règles générales, toute opération engendrée ou modifiée par la quantité (p495).

Ainsi quand une grandeur doit être divisée par une autre, elle combine les caractères de toutes les deux selon la forme qui désigne la division, etc., et elle arrive ainsi, au moyen d'une construction symbolique, tout aussi bien que la géométrie au moyen d'une construction ostensive ou géométrique (des objets mêmes), là où la connaissance discursive ne pourrait jamais arriver au moyen de simples concepts (p496).

Mathématique et philosophie : La mathématique fournit l'exemple le plus éclatant d'une raison pure qui réussit à s'étendre d'elle-même et sans le recours de l'expérience. Aussi la raison pure espère-t-elle pouvoir s'étendre dans son usage transcendantal avec autant de bonheur et de solidité qu'elle a dû le faire dans son usage mathématique, surtout si elle applique au premier cette même méthode qui lui a été d'une si évidente utilité dans le second.

Il nous importe donc beaucoup de savoir si la méthode qui conduit à la certitude apodictique, et que nous appelons mathématique dans cette dernière science est identique à celle qui sert à chercher cette même certitude en philosophie et qui ici, devrait être appelée dogmatique (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Discipline de la raison pure, Sec 1, p493).

De la différence entre la philosophie et la mathématique :

La connaissance philosophie considère donc le particulier seulement dans le général et la connaissance mathématique, le général dans le particulier et même dans le singulier, mais cependant a priori et au moyen de la raison, de telle sorte que, de même que le singulier est déterminé sous certaines conditions générales de la construction, de même l'objet du concept, auquel ce singulier ne correspond que comme schème, doit être conçu comme universellement déterminé.

C'est dans cette forme que consiste la différence essentielle de ces deux modes de connaissances rationnelles et ce n'est pas sur la différence des matières ou des objets de chacun d'eux qu'elle repose.

La forme de la connaissance mathématique est la cause qui fait que cette connaissance peut uniquement se rapporter à des grandeurs, il n'y a en effet que le seul concept de grandeur qui se laisse construire, c'est-à-dire représenter a priori dans l'intuition, les qualités ne se laissent, au contraire, représenter que dans l'intuition empirique. Aussi une connaissance rationnelle de ces qualités n'est-elle possible que par concepts (p494).

Ainsi, bien que ces deux sciences aient un objet commun, la manière de le traiter par le moyen de la raison est cependant tout à fait différente dans la méditation philosophique et dans la réflexion mathématique :

1. la méditation philosophique s'en tient à des concepts généraux ;

2. la réflexion mathématique ne peut rien faire avec le simple concept, mais se hâte de recourir à l'intuition où elle considère le concept in concreto, non pas cependant empiriquement, mais simplement dans une intuition qu'elle a représentée a priori, c'est-à-dire qu'elle a construit et dans laquelle ce qui résulte des conditions générales de la construction doit s'appliquer aussi d'une manière générale à l'objet (object) du concept construit (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Discipline de la raison pure, Sec 1, p494).

D'après les théories transcendantales, on peut exposer la cause de ces dispositions si diverses où se trouvent deux artisans de la raison dont l'un procède par des concepts, l'autre par des intuitions qu'il représente conformément aux concepts :

1. dans la philosophie, il s'agit de propositions analytiques qui peuvent être engendrées par simple analyse des concepts ;

2. dans la mathématique, il s'agit de propositions synthétiques qui doivent être connue a priori ;

2.1 en effet je n'ai pas à considérer ce que je pense réellement dans mon concept du triangle (celui-ci n'est rien de plus que la simple définition), je dois, au contraire, en sortir pour arriver à des propriétés qui ne sont pas dans ce concept, mais qui pourtant lui appartiennent ;

2.2 or, cela n'est possible que si je détermine mon objet d'après les conditions, soit de l'intuition empirique, soit de l'intuition pure ;

2.21 le premier procédé (par la mesure des angles du triangle) fournirait seulement une proposition empirique qui ne renfermerait aucune généralité et encore moins aucune nécessité, et il n'est pas question ici de pareilles propositions ;

2.22 le second procédé est la construction géométrique, au moyen de laquelle j'ajoute dans une intuition pure, aussi bien que dans une intuition empirique, le divers qui appartient au schème d'un triangle en général, par conséquent à son concept, par où incontestablement doivent être produites des propositions synthétiques universelles ;

3. donc on ne peut philosopher sur le triangle, c'est-à-dire que je ne puis le penser d'une manière discursive, je ne pourrais dépasser la simple définition par laquelle j'aurais dû justement commencer ;

3.1 il y a bien une synthèse transcendantale faite de purs concepts, mais elle ne concerne jamais qu'une chose en général à quelques conditions que la perception puisse en être soumise pour appartenir à l'expérience possible ;

3.2 or, dans les problèmes mathématiques, il ne s'agit en eux que des propriétés des objets en eux-mêmes, uniquement en tant qu'elles sont unies au concept de ces objets (p496) ;

3.3 donc on s'aperçoit qu'il y a une différence entre l'usage discursif de la raison procédant par concepts et son usage intuitif fondé sur la construction des concepts (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Discipline de la raison pure, Sec 1, p497).

Du succès de la raison obtenu dans la mathématique :

Ce succès nous amène naturellement à présumer que la méthode employée par cette science, sinon la science elle-même, réussirait aussi en dehors du champs des grandeurs, puisqu'elle ramène tous ses concepts à des intuitions qu'elle peut donner a priori et qu'elle se rend par là, pour ainsi dire, maîtresse de la nature, tandis que la philosophie pure, avec des concepts discursifs a priori, divague sur la nature sans pouvoir rendre intuitive a priori leur réalité, ce qu'il leur faudrait pour les rendre croyables (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Discipline de la raison pure, Sec 1, p500).

De la limite de l'usage de la mathématique :

Il nous faut montrer que l'application de la méthode mathématique dans cette espèce de connaissance (intellectuelle) ne peut procurer le moindre avantage, si ce n'est celui de lui découvrir plus clairement ses propres faiblesses ; que la géométrie et la philosophie sont deux choses tout à fait différentes, bien qu'elles se donnent la main dans la science de la nature, et donc, que les procédés de l'une ne peuvent jamais être imités par l'autre :

1. La solidité des mathématiques repose sur des définitions, des axiomes et des démonstrations il faut donc montrer que :

a) aucun de ces éléments, dans le sens où le prend le mathématicien, ne peut être fourni ni imité par la philosophie ;

b) le géomètre, en suivant sa méthode dans la philosophie, ne construirait que des châteaux de cartes et le philosophe, en appliquant la sienne sur le terrain de la mathématique, ne peut faire qu'un verbiage ;

2. la philosophie a un rôle à jouer dans la mathématique :

2.1 la philosophie en fait connaître les limites et le mathématicien lui-même ne peut ni repousser les avertissements de la philosophie, ni s'élever au-dessus d'eux (p501) ;

 

1.1 Des définitions : définir c'est exposer originairement le concept explicite d'une chose in concreto ;

1.11 d'après ces conditions, un concept empirique ne peut pas du tout être défini, mais simplement expliqué ;

1.12 or, en tant que nous n'avons en lui que quelque caractère d'une certaine espèce d'objets des sens c'est-à-dire qui ne servent qu'à la distinction, nous ne savons jamais d'une manière sûre si, sous le nom qui désigne le même objet, l'on en pense pas tantôt plus et tantôt moins de caractères ;

1.13 donc on a recours à des expériences et, dans ce cas, le mot, avec le peu de caractères qui s'y attachent, ne doit constituer qu'une désignation et non un concept de la chose ; par conséquent, alors la prétendue définition n'est autre chose qu'une explication de ce mot, de même, on ne peut définir aucun concept donné a priori, comme, par exemple, ceux de la substance, de cause, de droit, d'équité, etc. (p501) ;

1.131 en effet je ne peux jamais avoir la certitude que la représentation claire d'un concept (encore confus) donné a été explicitement développée qu'à la condition de savoir qu'elle est adéquate à l'objet ;

1.132 or comme le concept de cet objet, tel qu'il est donné, peut renfermer beaucoup de représentations obscures, que nous omettons dans l'analyse, la question de savoir si l'analyse de mon concept est exacte et complète reste toujours douteuse et ne peut être rendue que probable par un grand nombre d'exemples qui s'y rapportent, sans jamais devenir ainsi apodictiquement certaine ;

1.133 donc, au lieu du mot définition, il vaut mieux employer le terme d'exposition qui est toujours plus modeste et sous lequel le critique peut, jusqu'à un certain degré, accepter la définition, tout en conservant encore des doutes sur son entière exactitude ;

1.14 Ainsi, puisque ni les concepts empiriques ni les concepts donnés a priori ne peuvent être définis, il n'y a plus que ceux qui sont arbitrairement pensés sur lesquels on puisse tenter cette opération c'est-à-dire il ne reste pas d'autres concept susceptibles de définition que ceux qui renferment une synthèse arbitraire, pouvant être construite a priori, et par conséquent, il n'y a que la mathématique qui ait des définitions ;

1.141 les définitions pensent l'objet et le représentent aussi a priori dans l'intuition, et cet objet ne peut à coup sûr contenir ni plus ni moins que le concept, puisque le concept de l'objet a été donné par la définition originairement, c'est-à-dire sans que cette définition fût dérivée d'ailleurs ;

1.142 or, comme les définitions philosophiques ne sont que des expositions de concepts donnés, les définitions mathématiques sont la construction de concepts originairement formés (p502) ;

1.1421 les définitions philosophiques ne sont produit qu'analytiquement, par le moyen de la décomposition (dont l'intégralité n'est pas apodictiquement certaine) ;

1.1422 les définitions mathématiques sont formées synthétiquement et constituent le concept même que les définitions philosophiques ne font qu'expliquer ;

1.143 donc il ne peut y avoir d'interaction entre les méthodes philosophique et mathématique ;

1.1431 en philosophie, on ne doit pas imiter la mathématique en commençant par des définitions, à moins que ce ne soit à titre de simples essais ;

1.14311 comme ces définitions ne sont que des analyses de concepts donnés, nous avons d'abord ces concepts (certes confus), et l'exposition imparfaite précède l'exposition parfaite de telle sorte que, de quelque caractères, que nous avons tirés d'une analyse encore incomplète, nous pouvions en conclure plusieurs autres, avant d'arrivés à l'exposition parfaite, c'est-à-dire à la définition ;

1.14312 donc dans la philosophie, la définition, comme clarté appropriée, doit plutôt terminer que commencer l'ouvrage, en effet des propositions analytiques peuvent être fausses de plusieurs manières, soit en comprenant des caractères qui n'étaient réellement pas dans le concept, soit en n'indiquant pas tous ceux qu'il renferme, manquant ainsi de ce qui est l'essentiel d'une définition, parce qu'il est impossible d'être jamais complètement certain de l'intégrité de son analyse, c'est pour cela que la méthode suivie par la mathématique dans les définitions ne peut pas être appliquées à la philosophie ;

1.1432 dans la mathématique, nous n'avons aucun concept qui précède la définition, puisque c'est par elle que le concept est tout d'abord donné, elle est donc obligé de commencer par là ;

1.14321 les définitions mathématiques ne peuvent jamais être fausses ;

1.14322 or, comme le concept est d'abord donné par la définition, il ne contient exactement que ce que la définition veut que l'on pense par ce concept ;

1.14323 donc, s'il ne peut rien s'y trouver de faux quant au contenu, il peut cependant y avoir quelque chose de défectueux dans la forme pour ce qui regarde la précision (p503) ;

 

1.2 Des axiomes : les axiomes sont des principes synthétiques a priori qui sont immédiatement certains ;

1.21 un concept ne saurait être uni à un autre d'une manière synthétique et cependant immédiate, parce que, pour que nous puissions sortir d'un concept, une troisième connaissance intermédiaire est requise ;

1.22 or, comme la philosophie est simplement la connaissance par concepts, il ne s'y trouve aucun principe qui mérite le nom d'axiome, mais, au contraire, la mathématique est susceptible d'axiomes, parce qu'au moyen de la construction des concepts dans l'intuition de l'objet, elle peut lier a priori et immédiatement les prédicats de cet objet ;

1.23 donc un principe synthétique fondé simplement sur des concepts ne peut jamais être certain immédiatement parce qu'il faut que je me reporte à une troisième chose, c'est-à-dire à la condition de la détermination de temps dans une expérience et que je ne saurais connaître un tel principe directement et immédiatement en ne m'appuyant que sur les concepts et c'est pourquoi les principes discursifs sont tout autre chose que les principes intuitifs c'est-à-dire que les axiomes ;

1.231 les principes discursifs exigent toujours une déduction dont les principes intuitifs peuvent se dispenser, et, comme pour cette raison, ceux-ci sont évidents, et que les principes philosophiques, avec toute leur certitude, ne peuvent jamais émettre des prétentions égales, il s'en faut infiniment qu'une proposition synthétique quelconque de la raison pure et transcendantale soit aussi manifeste que cette proposition : deux fois deux font quatre ;

1.24 La philosophie n'a donc pas d'axiomes et elle n'a jamais le droit d'imposer si absolument ses principes a priori ; elle doit au contraire s'appliquer à justifier ses titres à leur égard par une déduction solide (p504-505) ;

 

1.3 Des démonstrations : Seule une preuve apodictique, en tant qu'elle est intuitive, peut s'appeler une démonstration ;

1.31 l'expérience nous apprend bien ce qui est, mais non ce qui puisse être autrement ;

1.32 or, si les arguments empiriques ne peuvent fournir aucune preuve apodictique, la certitude intuitive, c'est-à-dire l'évidence, ne peut jamais résulter de concepts a priori (dans la connaissance discursive) quelque apodictiquement certain que puisse être le jugement ;

1.33 donc il n'y a que la mathématique qui contienne des démonstrations, parce qu'elle ne dérive pas sa connaissance de concepts, mais de la construction des concepts, c'est-à-dire de l'intuition qui peut être donnée a priori comme correspondante aux concepts ;

1.331 au contraire, la connaissance philosophique est privée nécessairement de l'avantage de la construction géométrique où tous les raisonnements sont garantis contre l'erreur par cela seul que chacun d'eux est mis devant les yeux, puisqu'elle doit toujours considérer le général in abstracto (au moyen de concepts), tandis que la mathématique peut le considérer in concreto (dans l'intuition singulière) et au moyen d'une représentation pure a priori ;

1.34 c'est pourquoi, pour les preuves philosophiques on doit donner le nom de preuve acroamatiques (discursives), parce qu'elles ne peuvent être faite que par de simples mots (par l'objet de la pensée), plutôt que celui de démonstration, puisque ces dernières pénètrent dans l'intuition de l'objet (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Discipline de la raison pure, Sec 1, p505).

Du fil conducteur dans les mathématiques :

Dans la mathématique, c'est l'intuition a priori qui guide ma synthèse et tous les raisonnements peuvent y être immédiatement ramené à l'intuition (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Discipline de la raison pure, Sec 4, p531).

 

Mathématique pure :

C'est une des sciences rationnelles pures (avec la philosophie transcendantale et la morale pure) mais dont le contenu est spéculatif (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 2, Sec 4, p367).

 

Maxime (Maxime) :

Les maximes sont les lois pratiques en tant qu'elles sont en même temps des raisons subjectives d'action, c'est-à-dire des principes subjectifs et c'est pourquoi l'observance des lois pratiques se fait suivant les maximes (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Canon de la raison pure, Sec 2, p547).

 

"Tous les principes objectifs qui ne sont pas dérivés de la nature de l'objet (objects), mais de l'intérêt de la raison par rapport à une certaine perfection possible de la connaissance de cet objet (objects), je les nomme maximes de la raison" (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 7, Appendice, p465).

 

Métaphysique (Metaphysik) :

 

"Le terrain (Kamplatz) où se livrent ces combats sans fin se nomme la Métaphysique" (Critique de la raison pure, Préface 1°, p5).

 

"Il fut un temps où cette dernière était appelée la reine de toutes les sciences" (Critique de la raison pure, Préface 1°, p5).

 

Au début sous le règne des dogmatiques, son pouvoir était despotique. Mais comme sa législation portait encore l'empreinte de l'antique barbarie, cette métaphysique tomba peu à peu, par suite guerres intestines, dans une complète anarchie, et les sceptiques, espèce de nomade qui ont horreur de s'établir définitivement sur une terre, rompaient de temps en temps le lien social.

 

"Aujourd'hui que l'on a (comme on le croit) tenté toutes les voies, règnent le dégoût et l'entier Indifférentisme, qui engendrent le chaos et les ténèbres dans les sciences, mais qui sont cependant en même temps la source, ou du moins le prélude, d'une transformation prochaine et d'une renaissance (Aufklärung) de ces mêmes sciences, qu'un zèle maladroit a rendue obscures, confuses et inutilisables" (Critique de la raison pure, Préface 1°, p6).

 

L'indifférence n'est évidement pas l'effet de la légèreté, mais celui du jugement mûr d'un siècle qui ne veut pas se laisser bercer plus longtemps par une apparence de savoir ; elle est une invitation faite à la raison d'entreprendre à nouveau la plus difficile de toutes ses taches, celle de la connaissance de soi-même, et d'instituer un tribunal qui la garantisse dans ses prétentions légitimes et puisse en retour condamner toutes ses usurpations sans fondements, non pas d'une manière arbitraire, mais au nom de ses lois éternelles et immuables. Or, ce tribunal n'est autre chose que la Critique de la raison pure elle-même (Critique de la raison pure, Préface 1°, p7).

 

La métaphysique, suivant les idées que nous en donnerons ici, est la seule de toutes les sciences qui puisse se promettre une exécution si complète qu’il ne reste plus à la postérité qu'à la disposer le tout d'une manière didactique, suivant ses propres vues, sans, pour cela, pouvoir en augmenter le moins du monde le contenu.

"La métaphysique n'est que l'inventaire, systématiquement ordonné, de tout ce que nous possédons par la raison pure" (Critique de la raison pure, Préface 1°, p10).

 

"Toute connaissance pure a priori, grâce au pouvoir particulier de connaissance où elle a exclusivement son siège, constitue donc une unité particulière, et la métaphysique est la philosophie qui doit exposer cette connaissance dans cette unité systématique" (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Architectonique de la raison pure, p565).

 

La métaphysique est le système de la raison pure (la science), c'est-à-dire toute la connaissance philosophique (vraie aussi bien qu'apparente) de la raison pure dans un enchaînement systématique.

Le nom de métaphysique peut cependant être donné aussi à toute la philosophie pure, y compris la critique, et embrasse ainsi aussi bien la recherche de tout ce qui ne peut jamais être connue a priori que l'exposition de ce qui constitue un système des connaissances philosophiques pures de ce genre, mais qui se distingue de tout usage empirique ainsi que de tout usage mathématique de la raison (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Architectonique de la raison pure, p563).

Objets de la métaphysique  :

La métaphysique n'a pour objet propre de ses recherches que trois idées : Dieu, liberté et immortalité, de telle manière que le deuxième de ces concepts combiné avec le premier doit aboutir au troisième comme à une conséquence nécessaire. Tout ce dont s'occupe d'ailleurs cette science lui sert simplement de moyen pour arriver à ces idées et à leur réalité. Elle n'en a pas besoin pour constituer la science de la nature mais pour dépasser la nature.

La parfaite connaissance de ces trois idées rendrait la théologie, la morale et par leur réunion, la religion, c'est-à-dire les fins les plus élevées de notre existence, uniquement dépendante du pouvoir spéculatif de la raison, et de rien autre chose.

Dans une représentation systématique de ces idées, l'ordre exposé serait, comme ordre synthétique, le plus convenable, le plus convenable ; mais dans le travail qui doit nécessairement venir avant elle, l'ordre analytique, l'inverse du précédent sera plus conforme à notre but qui est de nous élever de ce que l'expérience nous fournit immédiatement, c'est-à-dire de la psychologie, à la cosmologie et de cette dernière à la connaissance de Dieu (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre I, Sec 3, p275).

 

Division de la métaphysique :

La métaphysique se divise en métaphysique de l'usage spéculative et elle est une métaphysique de la nature ou en métaphysique de l'usage pratique de la raison pure et elle est une métaphysique des mœurs (p563).

Métaphysique de la nature :

Elle contient tous les principes purs de la raison qui, par de simples concepts (et par suite à l'exclusion de la mathématique), concerne la connaissance théorique de toutes les choses. La métaphysique de la raison spéculative est ce qu'on a coutume d'appeler métaphysique au sens strict (p563).

Division de la métaphysique de la nature :

La métaphysique dans le sens strict du mot se compose de la philosophie transcendantale et de la physiologie de la raison pure (p565).

Ainsi tout le système de la métaphysique contient quatre parties principales :

L'ontologie, la psychologie rationnelle, la cosmologie rationnelle et la théologie rationnelle.

La deuxième partie de la métaphysique, c'est-à-dire la physiologie de la raison pure, comprend deux divisions : la physica rationalis et la psychologia rationalis (p566).

1. la philosophie transcendantale ne considère que l'entendement et la raison même dans un système de tous les concepts et de tous les principes qui se rapportent à des objets en général, sans admettre des objets (objecte) qui seraient donnés (ontologia) ;

2. la physiologie de la raison pure considère la nature, c'est-à-dire l'ensemble des objets donnés (soit au sens, soit, si l'on veut, à une autre espèce d'intuition) ;

2.1 or l'usage de la raison dans cette contemplation rationnelle de la nature est ou physique, ou hyperphysique, c'est-à-dire immanent ou transcendant (p565) ;

2.11 la physiologie immanente a pour objet la nature, en tant que la connaissance en peut-être appliquée dans l'expérience (in concreto) (p565), elle considère la nature comme l'ensemble de tous les objets des sens, par conséquent telle qu'elle nous est donnée, mais seulement selon les conditions a priori sous lesquelles elle peut nous être donnée en général, or il n'y a que deux espèces d'objets des sens (p566) ;

2.111 la nature corporelle comme l'ensemble des objets des sens externes ;

2.112 la nature pensante comme l'objet du sens interne ou l'âme ;

2.1121 la métaphysique de la nature pensante s'appelle psychologie et pour la même raison, il ne s'agit ici que de la connaissance rationnelle de l'âme (p566) ;

2.12 la physiologie transcendante a pour but cette liaison des objets de l'expérience qui dépasse toute l'expérience, elle a donc pour objet une liaison interne ou externe, mais qui, l'une ou l'autre, dépassent l'expérience possible (p565) ;

2.121 lorsque la physiologie a pour objet une liaison interne, c'est-à-dire de toute la nature, elle est une cosmologie transcendantale ;

2.122 lorsque la physiologie a pour objet une liaison externe, c'est-à-dire une union de toute la nature avec un être au-dessus de la nature, elle est une théologie transcendantale ;

Du rapport de la métaphysique au sens strict et de la psychologie rationnelle :

1. on peut atteindre une connaissance a priori, et donc une métaphysique, d'objets qui sont donnés à nos sens et par conséquent a posteriori en prenant de l'expérience rien de plus que ce qui nous est nécessaire pour nous donner un objet du sens externe, par le moyen du simple concept de matière (étendue impénétrable et sans vie) ;

2. il est possible, suivant les principes a priori, de connaître la nature des choses et d'arriver à une psychologie rationnelle en prenant de l'expérience rien de plus que ce qui nous est nécessaire pour nous donner un objet du sens interne, au moyen du concept d'un être pensant (dans la représentation empirique interne : je pense)

3. et ainsi, dans toute la métaphysique de ces objets, nous devrions entièrement nous abstenir de tous les principes empiriques qui pourraient ajouter encore au concept quelque expérience servant à porter un jugement sur ces objets (p566) ;

Du rapport de la métaphysique à la psychologie empirique :

On peut légitimement poser la question de la place de la psychologie empirique qui a toujours réclamé sa place dans la métaphysique et dont, même de nos jours [cf. Wolf], on a espéré de si grande chose pour l'éclaircissement de cette science, après avoir perdu l'espoir d'établir rien de bon a priori.

La psychologie empirique vient là où doit se placer la physique proprement dite (la physique empirique), à savoir du côté de la philosophie appliquée dont la philosophie pure contient les principes a priori et avec laquelle, par conséquent, elle doit être unie, mais non pas confondue. Elle n'est donc qu'une étrangère admise depuis très longtemps à laquelle on accorde un séjour temporaire jusqu'à ce qu'il soit possible d'établir son domicile propre dans une anthropologie détaillée (qui serait le pendant de la physique empirique) (p567).

Métaphysique des mœurs :

Elle contient les principes qui déterminent a priori et rendent nécessaire le faire et le ne pas faire.

Or la moralité est l'unique conformité des actes à la loi qui puissent être pleinement dérivée a priori de principes.

Aussi la métaphysique des mœurs est-elle proprement la morale pure où l'on ne prend pour fondement aucune anthropologie (aucune condition empirique), mais en tant que la morale pure appartient aussi à la branche particulière de la connaissance humaine, mais philosophique, par raison pure, nous lui conserverons ce titre, bien que nous la mettions ici de côté, comme n'étant pas nécessaire actuellement pour notre but (p563).

Remarque générale sur la métaphysique :

Ainsi dans tous le cours de notre Critique on peut dire que, si la métaphysique ne peut pas être le fondement de la religion, elle doit en rester toujours comme le rempart, et que la raison humaine, déjà dialectique par la tendance de sa nature, ne peut jamais se passer d'une telle science qui lui met un frein et qui, par une connaissance scientifique et pleinement lumineuse de soi-même, empêche les dévastations qu'une raison spéculative affranchie de toute contrainte ne manquerait pas sans cela de produire dans la morale aussi bien que dans la religion (p567).

La métaphysique, celle de la nature aussi bien que celle des mœurs et surtout la critique de la raison qui se hasarde à voler de ses propres ailes, critique qui précède, à titre d'exercice préliminaire (comme propédeutique), constituent donc proprement, à elles seules, ce que nous pouvons nommer philosophie dans le vrai sens du mot.

La philosophie rapporte tout à la sagesse, mais par la voie de la science, la seule qui étant frayée ne se renferme pas et ne permette aucune erreur.

La mathématique, la physique et même la connaissance empirique de l'homme ont une grande valeur, comme moyens finissent par nous conduire à ses fins nécessaires et essentielles ; c'est seulement au moyen d'une connaissance rationnelle par simples concepts. Or cette connaissance, de quelque nom qu'on la désigne, n'est proprement que la métaphysique.

La métaphysique est ainsi le complément de toute culture de la raison humaine, et ce complément est indispensable, même en laissant de côté son influence, comme science, sur certaines fins déterminées.

En effet, elle considère la raison d'après ses éléments et ses maximes suprêmes qui doivent servir de fondement à la possibilité de quelques sciences et à l'usage de toutes.

Si en tant que simple spéculation, elle sert plutôt à prévenir les erreurs qu'à étendre la connaissance, cela ne nuit en rien en sa valeur, mais cela lui donne plutôt de la dignité et de la considération, en en faisant un censeur qui maintient l'ordre public, la concorde générale et même le bon état de la république scientifique et qui empêche ses travaux hardis et féconds de se détourner de la fin principale, le bonheur universel (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Architectonique de la raison pure, p568).

 

Méthode (Methode) :

La méthode sceptique :

C'est cette manière d'assister à un combat d'assertion ou plutôt de le provoquer, non pour se prononcer à la fin en faveur de l'un ou l'autre parti, mais pour rechercher si l'objet n'en est peut-être pas une simple illusion que chacun poursuit vainement et où il n'a rien à gagner, alors même qu'il n'y rencontrerait aucune résistance.

La méthode sceptique tend à la certitude, en ce qu'elle cherche à découvrir, dans un combat loyalement engagé des deux côtés et conduit avec l'intelligence, le point du dissentiment, pour faire comme ces sages législateurs qui s'instruisent d'eux-mêmes, par l'embarras des juges dans les procès, de ce qu'il y a de défectueux et d’insuffisant déterminés dans leurs lois.

Cette méthode sceptique n'est essentiellement propre qu'à la philosophie transcendantale et, en tout cas, on peut s'en passer dans tout autre champs d'investigation, sauf dans celui-là (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 2, Sec 2, p336-337).

 

Moment (Moment) :

C'est une action continue de la causalité qui est uniforme. Ces moments ne constituent pas le changement, mais ils le produisent à titre d'effet (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre II, ch 2, sec 3, p193).

 

Monde (Welt) :

C'est l'ensemble mathématique de tous les phénomènes et la totalité de leur synthèse en grand aussi bien qu'en petit, c'est-à-dire dans le développement progressif de cette synthèse aussi bien par assemblage que par division (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, ch 2, Sec 1, p334).

De la diversité infinie du monde :

Le monde actuel nous offre un si vaste théâtre de variété, d'ordre, de finalité et de beauté, qu'on le considère soit dans l'immensité de l'espace, soit dans son infinie division, que même avec les connaissances que notre faible entendement a pu acquérir, toute langue est impuissante à traduire son impression devant tant et tant de si grandes merveilles, tout nombre perd sa force de mesure et nos pensées mêmes regrettent de ne plus avoir de limite, de telle sorte que notre jugement sur le tout finit par se résoudre en un étonnement muet, mais d'autant plus éloquent.

Nous voyons partout une chaîne d'effets et de causes, de fins et de moyens, une régularité dans l'apparition et la disparition des choses et comme rien, de soi-même, n'est arrivé à l'état où il se trouve, cet état indique toujours plus loin une autre chose, comme sa cause, laquelle, à son tour, rend la même question nécessaire, de telle sorte que le tout finirait par tomber dans l'abîme du néant, si l'on admettait quelque chose qui, existant par soi originairement et d'une manière indépendante, en dehors de cet infini contingent, servît de soutien à ce tout et qui, en étant l'origine, en garantît à la fois la durée (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 3, Sec 6, p442).

 

Monde moral :

"En tant que le monde serait conforme à toutes les lois morales (tel qu'il peut être suivant la liberté des êtres raisonnables et tel qu'il doit être suivant les lois nécessaires de la moralité), je l'appelle un monde moral" (Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, Canon de la raison pure, Sec 2, p545).

 

Ce monde est simplement pensé comme un monde intelligible, puisqu'on y fait abstraction de toutes les conditions (ou fins) de la moralité et même de tous les obstacles qu'elle y peut rencontrer (faiblesse ou corruption de la nature humaine). En ce sens, il n'est donc qu'une simple idée, mais une idée pratique qui peut et doit réellement avoir de l'influence sur le monde sensible, afin de le rendre, autant que possible, conforme à cette idée. L'idée d'un monde moral a donc une réalité objective non pas comme si elle se rapportait à un objet d'intuition intelligible (nous n'en pouvons pas concevoir de tels), mais par son rapport au monde sensible, considérés seulement comme un objet de la raison pure dans son usage pratique, et à un corpus mysticum des êtres raisonnables en lui, en tant que leur libre arbitre, sous l'empire des lois morales, a en soi une unité systématique universelle aussi bien avec lui-même qu'avec la liberté de tout autre (p545).

 

Morale pure (Vernen Moral) :

C'est une des sciences rationnelles mais dont le contenu est pratique.

Des principes généraux de la morale :

Dans les principes généraux de la morale, il ne peut rien y avoir d'incertain, parce que les propositions ou sont tout à fait nulles et vides de sens, ou doivent découler de nos concepts rationnels (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 2, Sec 4, p367).

Concept moraux :

Les concept moraux ne sont pas tout à fait des concept purs de la raison, puisqu'à leur base se trouve quelque chose d'empirique (plaisir et douleur). Pourtant, sous le rapport du principe par lequel la raison met des bornes à la liberté qui est en soi sans lois, quant à leur forme, ils peuvent bien servir d'exemple de concepts purs de la raison (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch 3, Sec 1, p413).

 

Mouvement (Bewegung) :

Du mouvement comme détermination de l'objet :

Le mouvement d'un objet dans l'espace n'appartient pas à une science pure, ni à la géométrie, parce que nous ne pouvons connaître a priori que quelque chose soit mobile et que seule l'expérience nous l'apprend.

Du mouvement comme description d'un espace :

Ce mouvement est un acte pur de la synthèse successive du divers dans l'intuition externe en général par l'imagination productrice, et appartient non seulement à la géométrie, mais même à la philosophie transcendantale (Critique de la raison pure, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, §24, np133, 2° éd.).

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