Portrait d'Emmanuel Kant Introduction à la philosophie critique d'Emmanuel Kant
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Vocabulaire: Théorique Pratique Esthétique Anthropologique
Königsberg en 10 images Chronologie contemporaine à Kant
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Vocabulaire esthétique :

S :

Satisfaction (Wohlgefallen):

C'est l'intérêt que nous lions avec la représentation de l'existence d'un objet, elle a donc toujours une relation avec la faculté de désirer, que celle-ci soit son principe déterminant ou soit nécessairement liée à celui-ci (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §2, p50).

En effet, lorsque je déclare agréable un objet, mon jugement exprime un intérêt pour celui-ci et suscite un désir pour les objets semblables, par conséquent la satisfaction ne suppose pas seulement le simple jugement sur l'objet, mais encore la relation de l'existence de cet objet à mon état, dans la mesure où je suis affecté par un tel objet, c'est pourquoi on dit de ce qui est agréable: cela plaît, mais aussi cela fait plaisir (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §3, p52).

Du jugement sur un objet de satisfaction: IL peut être parfaitement désintéressé et cependant très intéressant, c'est-à-dire: un tel jugement ne se fonde sur aucun intérêt, mais produit un intérêt: les purs jugements moraux sont tous tels. mais les jugements de goût ne fondent aucun intérêt. Ce n'est que dans la société qu'il devient intéressant d'avoir du goût (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §2, np51). Division des satisfactions: De la satisfaction esthétique:

C'est la satisfaction résultant de la beauté (libre) qui ne suppose aucun concept et qui est immédiatement liée à la représentation par laquelle l'objet est donné (et non à celle par laquelle il est pensé) (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §16, p72) (cf. beauté libre)

De la satisfaction intellectuelle:

C'est la satisfaction qui résulte de la diversité dans une chose en relation avec une fin interne, qui détermine sa possibilité, c'est donc une satisfaction fondée sur un concept (cf. beauté adhérente) (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §16, p72).

De la liaison de la satisfaction esthétique et de la satisfaction intellectuelle ou de la perfection dans la beauté:

Certes par cette liaison le goût gagne à être fixé et s'il ne devient pas universel, néanmoins des règles, relatives à certains objets déterminés suivant des fins, peuvent lui être prescrites. Ces règles ne sont toutes fois pas des règles de goût, mais des règles portant sur l'union du goût avec la raison, c'est-à-dire du beau avec le bien. Par ces règles le beau devient utilisable comme instrument du bien, on peut appuyer sur cet état d'esprit qui se conserve par lui-même et possède une valeur subjective de penser, qui ne peut être maintenue que par une résolution pénible, mais qui a une valeur universelle objective. A vrai dire la perfection ne gagne rien grâce à la perfection, mais puisqu'on ne peut éviter, lorsqu'on compare suivant un concept la représentation par laquelle un objet nous est donné et l'objet (relativement à ce qu'il doit être), de la rapprocher en même temps de la sensation du sujet, si ces deux états d'esprit s'accordent, la faculté représentative ne peut qu'y gagner dans son ensemble (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §16, p72).

 

Schwarmerei (enthousiasme se confondant au fanatisme) :

C'est une illusion qui consiste à voir quelque chose par delà toutes les limites de la sensibilité, c'est-à-dire vouloir rêver suivant des principes (délirer avec la raison) justement parce que la présentation n'est que négative.

Imagination et Schwärmerei: Dans la Schwäremerei, l'imagination est déréglée comme une passion profondément enracinée et il s'agit d'une maladie qui l'ébranle. Analogie et différence entre la Schwärmerei et l'enthousiasme: Si l'enthousiasme doit être comparé à la démence, c'est à la folie que doit être comparée la Schwärmerei, et c'est la folie qui peut le moins s'accorder avec le sublime, car ses rêveries creuses la rendent ridicule (Remarque générale sur l'exposition des jugements réfléchissants p111).

 

Science (Wissenschaft):

Des différents principes de la science: Des principes domestiques:

Ce sont les principes d'une science qui lui sont intérieurs (principa domestica) (Critique de la faculté de juger, Section I, Analytique, §68, p199).

Des principes étrangers (peregrina) :

Ce sont les principes qui sont fondés sur des concepts et qui ne peuvent trouver place qu'en dehors de celle-ci.

Les sciences qui contiennent ces principes mettent au fondement de leurs doctrines des lemmes (lemmata) ; c'est-à-dire elles empruntent à une autre science quelque concept et avec celui-ci un principe d'ordre (Critique de la faculté de juger, Section I, Analytique, §68, p199).

De la science en général: Toute science est elle-même un système; et il ne suffit pas dans une science de construire d'après des principes et ainsi de procéder techniquement, mais on doit aussi y travailler architechtonniquement, comme s'il s'agissait d'un édifice existant pour lui-même, et la traiter non pas comme une annexe ou une partie d'un autre édifice, mais comme un tout en soi, bien qu'on puisse par la suite établir un passage de celui-ci à celui-là ou bien encore un passage réciproque (Critique de la faculté de juger, Section I, Analytique, §68, p199). De la division de la philosophie comme science: La science philosophique se divise en deux partie: la partie pratique et la partie théorique. Dans la philosophie théorique la place de la science lui est indiqué soit dans la science de la nature, si elle étudie ce qui peut être objet de l'expérience (science des corps, psychologie, cosmologie général par conséquent), soit dans la théologie (science du fondement originaire du monde comme totalité de tous les objets de l'expérience).

Aussi doit on poser la place de la téléologie, soit dans la science de la nature, soit dans la théologie.

 

Sens (Sinn):

Si l'on veut bien appeler sens un effet de la simple réflexion sur l'esprit, on entend alors par sens le sentiment du plaisir (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §40, p128-129).

Du sens commun (sensus communis logicus) ou de l'entendement commun: On désigne par sens commun l'entendement commun en tant qu'entendement sain (encore inculte) c'est-à-dire considéré comme qualité inférieure. sous le terme de commun on comprend le vulgare, qui se rencontre partout et dont la possession n'est absolument pas un privilège.

Sous cette expression de sensus communis on doit comprendre l'Idée d'un sens commun à tous, c'est-à-dire d'une faculté de juger, qui dans sa réflexion tient compte en pensant (a priori) du mode de représentation de tout autre homme, afin de rattacher pour ainsi dire son jugement à la raison humaine tout entière et échapper à l'illusion résultant de conditions subjectives et particulières pouvant aisément être tenues pour objectives, qui exercerait une influence néfaste sur le jugement. C'est là ce qui est obtenu en comparant son jugement aux jugements des autres, qui sont en fait moins les jugements réels que les jugements possibles et en se mettant à la place de tout autre, tandis que l'on fait abstraction des bornes qui de manières contingentes sont propres à notre faculté de juger. ; on y parvient en écartant ce qui dans l'état de représentation est matière, c'est-à-dire sensation, et en prêtant uniquement attention aux caractéristiques formelles de sa représentation ou de son état représentatif (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §40, p127).

Mais on pourrait donner avec plus de raison le nom de sensus communis (aestheticus) au goût qu'au bon sens et que la faculté esthétique de juger, plutôt que celle qui est intellectuelle mériterait le nom de sens commun à tous. On pourrait même définir le goût par la faculté de juger ce qui rend notre sentiment, procédant d'une représentation donnée, universellement communicable sans la médiation d'un concept (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §40, p128-129) (cf. communication).

Les maximes du sens commun: 1. Penser par soi-même (maxime de l'entendement) ;

2. Penser en se mettant à la place de tout autre (maxime du jugement) ;

3. Toujours penser en accord avec soi-même (maxime de la raison).

 

Remarque sur les maximes:

La première maxime est la maxime de la pensée sans préjugés et donc d'une raison qui n'est jamais passive, la seconde est celle de la pensée élargie, la troisième est celle de la pensée conséquente (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §40, p127).

Pour la première maxime cf. préjugés/superstition/les lumières.

En ce qui concerne la seconde maxime nous sommes bien habitués par ailleurs à appeler étroit d'esprit (borné, le contraire d'élargi) celui dont les talents ne suffisent pas à un usage important (particulièrement à celui qui demande une grande force d'application) ; il s'agit là de la manière de pensée et de faire de la pensée finale un usage final, c'est là ce qui montre cependant un homme d'esprit ouvert que de pouvoir s'élever au-dessus des conditions subjectives du jugement et de pouvoir réfléchir sur son propre jugement à partir d'un point de vue universel (qu'il ne peut déterminer qu'en se plaçant au point de vue d'autrui). C'est la troisième maxime, celle de la manière de penser conséquente, qui est la plus difficile à mettre en oeuvre; on ne le peut qu'en liant les deux premières maximes et après avoir acquis une maîtrise rendue parfaite par un exercice répété (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §40, p128).

 

Sensation (Sensation):

C'est le réel de la sensation (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §39, p125).

La sensation des sens: C'est la sensation qui est rapportée à la connaissance (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §39, p125). Communicabilité d'une sensation: On ne peut se représenter ce qui est spécifique de sa qualité comme toujours communicable de la même manière, que si l'on admet que chacun possède un sens identique au nôtre, mais on ne peut absolument pas présupposer cela d'une sensation des sens. c'est ainsi qu'à celui qui n'a pas d'odorat, on ne peut communiquer cette espèce de sensation. Mais nous devons nous représenter les hommes comme bien plus différents encore en ce qui touche le caractère agréable ou désagréable de la sensation d'un seul et même objet des sens, et on ne peut absolument pas demander que tout un chacun avoue trouver du plaisir aux mêmes objets. On peut nommer plaisir de jouissance le plaisir de cette espèce, parce qu'il nous est transmis à l'esprit par le sens et que nous sommes en ceci passifs (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §39, p125). De la matière de la sensation du point de vue des beaux-arts: la matière de la sensation (le charme ou l'émotion), où il ne s'agit que de la jouissance, qui ne laisse rien pour l'Idée, qui émousse l'intelligence, excite peu à peu le dégoût pour l'objet et rend l'âme mécontente de soi et maussade par la conscience de sa disposition, qui pour le jugement de la raison répugne à la finalité (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §52, p154).

 

Confusion habituelle des deux sens du mot sensation: Premier sens: de la sensation subjective en tant que sentiment :

Toute satisfaction est elle-même sensation (d'un plaisir). Par conséquent tout ce qui plaît, est agréable. Si l'on accorde cela, dés lors les impressions des sens qui déterminent l'inclination, les principes de la raison qui déterminent la volonté, les simples formes réfléchies de l'intuition qui déterminent la faculté de juger, seront par rapport à l'effet sur le sentiment de plaisir parfaitement identique. Cet effet serait l'agrément éprouvé dans la sensation de notre état, or, en tant que tout travail de nos facultés doit tendre à ce qui est pratique, on ne pourrait concevoir pour celles-ci aucune autre appréciation des choses et de leur valeur que celle qui consiste dans le plaisir qu'elles promettent, en ce sens il ne serait pas question de savoir comment le but a été atteint (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §3, p51).

En ce cas on peut définir la sensation comme étant une détermination du sentiment de plaisir et de peine où la représentation n'est rapportée qu'au sujet et ne sert à aucune connaissance, pas même à celle par laquelle le sujet se connaît lui-même.

C'est ce que nous désignerons par le mot de sentiment (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §3, p51).

Deuxième sens: de la sensation objective en tant que réceptivité:

 

"J'appelle sensation la représentation d'une chose (par les sens, en tant que réceptivité appartenant à la faculté de connaître), en ce cas la représentation est rapportée à l'objet"

Nous entendons par là une représentation objective des sens (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §3, p51).

 

Sentiment (Gefühl):

C'est ce qui doit toujours demeurer simplement subjectif et qui ne peut d'aucune manière constituer une représentation d'un objet (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §1, p49).   

 

Sentiment de plaisir et de peine:

  Il ne désigne rien de l'objet et il est ce par quoi le sujet sent comment il est affecté par la représentation, c'est donc un rapport subjectif des représentations (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §1, p49).

C'est le sentiment vital qui rapporte la représentation au sujet, celui-ci fonde une faculté de discerner et de juger, qui ne contribue en rien à la connaissance, mais qui se borne à rapprocher la représentation donnée dans le sujet de toute la faculté des représentations dont l'esprit a conscience dans le sentiment de son état (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §1, p50).

Agréable, du beau et du bon: Ils désignent trois relations différentes des représentations au sentiment de plaisir et de peine, en fonction duquel nous distinguons les uns des autres les objets ou les modes de représentation. Aussi bien les expressions adéquates pour désigner leur agrément propre (die Komplazenz) ne sont pas identiques:

 

Chacun appelle agréable ce qui lui fait plaisir;

                        beau ce qui lui plaît simplement;

                        bon ce qu'il estime,

                        et approuve, c'est-à-dire ce à quoi il attribue une valeur objective.

De la valeur de l'agréable, du beau et du bon:
  • L'agréable a une valeur même pour des animaux dénués de raison;
  • la beauté n'a de valeur que pour les hommes, c'est-à-dire des êtres d'une nature animal, mais cependant raisonnable, et cela non pas seulement en tant qu'êtres raisonnables (par exemple des esprits), mais aussi en même temps en tant qu'ils ont une nature animale;
  • le bien a une valeur pour tout être raisonnable.
 

Parmi ces trois genres de satisfaction, celle du goût pour le beau est seule une satisfaction désintéressée et libre, en effet aucun intérêt, ni des sens ni de la raison, ne contraint à l'assentiment. C'est pourquoi l'on pourrait dire de la satisfaction que dans les trois cas indiqués, elle se rapporte à l'inclination, à la faveur ou au respect, or la faveur est l'unique satisfaction libre parce qu'un objet de l'inclination ou un objet qu'une loi de la raison nous impose de désirer ne nous laisse aucune liberté d'en faire pour nous un objet de plaisir (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §5, p55).

 

Simplicité ou finalité sans art (Einfalt):

C'est pour ainsi dire le style de la nature dans le sublime ainsi que de la moralité, qui est une seconde nature (supra-sensible), dont nous ne connaissons que les lois sans pouvoir atteindre par intuition la faculté supra-sensible en nous, qui contient le principe de cette législation (Remarque générale sur l'exposition des jugements réfléchissants p111).

 

Société (Gesellschaft):

"Ce n'est que dans la société qu'il devient intéressant d'avoir du goût" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §2, np51).

Du beau, du sublime et de la société: En tant que le beau et le sublime ont comme satisfaction commune d'être universellement communicable, ils possèdent de par cette propriété un intérêt en rapport à la société (en laquelle elle peut être communiquée), néanmoins l'isolement de toute société est considéré comme quelque chose de sublime, lorsqu'il repose sur des Idées qui dépassent tout intérêt sensible. Se suffire à soi-même, n'avoir besoin de la société, sans cependant être insociable, c'est-à-dire la fuir, est quelque chose qui s'approche du sublime, mais il ne faut pas comprendre cette forme de fuite avec celle de la misanthropie et celle de l'anthropophobie. De la fuite de la société par misanthropie et anthropophobie: Fuir les hommes par misanthropie, parce qu'on les hait, ou par anthropophobie, par peur des homme, parce qu'on les redoute comme des ennemis, c'est là ce qui est en partie laid et en partie méprisable.

Mais il existe une sorte de misanthropie (très improprement dénommée qui vient avec l’âge; elle est bien assez philantropique en ce qui touche la bienveillance, amis par une longue et triste expérience elle est bien éloignée de la satisfaction que peuvent donner les hommes; la tendance à la retraite, le voeu chimérique de passer sa vie dans une maison de campagne écartée, ou chez les personnes jeunes) de vivre toute sa vie avec une petite famille sur une île inconnue du reste du monde, rêve que les romanciers et les poètes faiseurs de "robinsonnades" savent si bien utiliser, en donnent la preuve.

Du renoncement à la société: La fausseté, l'ingratitude, l'injustice, la puérilité des fins qui sont considérées par nous comme importantes et grandes dans la poursuite desquelles les hommes se font les uns aux autres tout le mieux possible, se trouvent dans une telle contradiction avec l’Idée de ce qu'ils pourraient être, s'ils voulaient, et sont si contraire au vif désir de les voir meilleurs, que pour ne point haïr les hommes, puisqu'on ne peut les aimer, le renoncement à toutes les joies de la société paraît seulement un petit sacrifice.

 

"Cette tristesse sur les maux que les hommes s'infligent à eux-mêmes (reposant sur l'antipathie dans les principes), est sublime parce qu'elle se fonde sur les Idées tandis que celle reposant sur les maux que le destin réserve à d'autres hommes (tristesse dont la sympathie est la cause) peut tout au plus passer pour belle" (Remarque générale sur l'exposition des jugements réfléchissants p112).

 

SSociété civile (Bürliche gesellschaft):

C'est cette constitution dans le rapport des hommes les uns avec les autres, où au préjudice que se portent les libertés en conflit s'oppose une puissance légale dans un tout (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §83, p242).

 

Sublime (Erhaben):

 

"Le sublime dans l'art est toujours soumis aux conditions d'un accord avec la nature" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §23, p85).

 

"L'objet [qui] est propre à la présentation de quelque chose de sublime [ne] peut [qu'] être rencontré [qu'] en l'esprit" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §23, p85).

 

"Le sublime authentique ne peut être contenu en aucune forme sensible, il ne concerne que les Idées de la raison, qui bien qu'aucune présentation adéquate n'en soit possible, sont néanmoins rappelées en l'esprit et ravivées de par cette inadéquation même dont une présentation sensible est possible" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §23, p85-86).

 

"[... ] c'est plutôt, si seulement grandeur et force s'y manifestent, en son chaos ou en son désordre, en ses ravages les plus sauvages et les plus déréglés, que la nature suscite le mieux les Idées du sublime" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §23, p86).

 

"[... ] on ne doit pas montrer le sublime dans les produits de l'art (par exemple des édifices, des colonnes, etc. ), en lesquels une fin humaine détermine aussi bien la forme que la grandeur, ni dans les choses de la nature, dont le concept enveloppe déjà une fin déterminée, mais bien dans la nature brute - et en celle-ci seulement dans la mesure où en elle-même elle ne comprend aucun charme, ni ne suscite d'émotion par un réel danger, - pour autant qu'elle contient de la grandeur. En effet dans ce genre de représentation la nature ne contient rien de monstrueux (ni rien de magnifique ou de hideux) ; la grandeur, qui est appréhendée, peut être aussi considérable que l'on voudra, si elle peut être comprise dans un tout par l'imagination (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §25, p92).

 

"La nature est ainsi sublime dans ceux de ces phénomènes, dont l'intuition suscite l'Idée de son infinité" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §26, p94).

 

"Le sentiment du sublime est ainsi un sentiment de peine, suscité par l'insuffisance de l'imagination dans l'évaluation esthétique de la grandeur pour l'évaluation par la raison; et en même temps il se trouve en ceci une joie, éveillée justement par l'accord entre les Idées rationnelles et ce jugement sur l'insuffisance de la plus puissante faculté sensible, dans la mesure où c'est pour nous une loi que l'effort de tendre vers ces Idées" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §27, p96).

 

Définition nominale du sublime:

 

"Le sublime consiste seulement en la relation, en laquelle le sensible de la représentation de la nature est jugé propre pour un usage supra-sensible possible de celui-ci"

 

"Le sublime est ce qui plaît immédiatement par la résistance qu'il oppose à l'intérêt des sens"

 

"Le sublime est un objet (de la nature) qui prépare l'esprit à penser l'impossibilité d'atteindre la nature en tant que présentation des Idées"

 

(Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p104).

 

Déduite du moment du sublime-mathématique:

 

"Nous nommons sublime ce qui est absolument grand. " (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §25, p87).

 

"Est sublime ce en comparaison de quoi tout le reste est petit" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §25, p89).

 

"Est sublime ce qui, par cela seul qu'on peut le penser, démontre une faculté de l'âme, qui dépasse toute mesure des sens" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §25, p90).

 

Déduite du moment sublime-dynamique:

 

"La nature dans le jugement esthétique, considérée comme une force, qui n'a pas de puissance sur nous, est sublime-dynamiquement" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §28, p98).

 

"Lorsque la nature doit être considérée comme sublime par nous en un sens dynamique, elle doit être représentée comme suscitant la peur" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §28, p98).

"Ainsi le sublime n'est contenu en aucune chose de la nature, mais seulement en notre esprit, dans la mesure où nous pouvons devenir conscient d'être supérieurs à la nature en nous, et ce faisant à la nature en dehors de nous (pour autant qu'elle exerce son action sur nous) ". (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §28, p102).

 

Déduite de la modalité du jugement sur le sublime de la nature:

 

"Il semble qu'une culture beaucoup plus développée non seulement de la faculté de juger esthétique, mais encore des facultés de connaissance qui se trouve à son fondement, soit indispensable, afin de pouvoir porter un jugement [sublime] sur cet aspect si remarquable des objets naturels. " (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §29, p102).

 

"La disposition de l'esprit supposé par le sentiment du sublime exige une ouverture de celui-ci aux Idées" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §29, p102).

 

"Sans développement des Idées éthiques, ce que, préparé par la culture, nous nommons sublime ne paraîtra qu'effrayant à l'homme inculte. " (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §29, p102).

 

"le sublime possède son fondement dans la nature humaine et à la vérité en cela même que l'on peut avec le bon sens supposer et exiger en chacun, c'est-à-dire dans la disposition au sentiment pour les Idées (pratiques), soit au sentiment moral" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §29, p103).

 

Déduite de la remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants :

 

"Le sublime doit toujours avoir un rapport à la manière de penser, c'est-à-dire à des maximes qui visent à procurer à ce qui est intellectuel et aux Idées de la raison la domination sur la sensibilité" (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p110).

 

Analytique de la division des moments du jugement esthétique des objets en relation au sentiment du sublime: Cette analytique pourra se développer suivant le même principe que dans la décomposition des jugements de goût; à savoir, en tant que jugement de la faculté de juger esthétique réfléchissante, la satisfaction relative au sublime, comme celle relative au beau, doit être:

 

  • selon la quantité universellement valable;
  • selon la qualité sans intérêt;
  • selon la relation elle doit rendre une finalité subjective représentable;
  • selon la modalité représentable comme nécessaire.
 

Ainsi, considérant le caractère dépourvu de forme de l'objet, c'est de la quantité, comme premier moment du jugement esthétique sur le sublime que nous allons partir. Mais en tant que le sentiment du sublime se caractérise par un mouvement de l'esprit lié à la considération de l'objet et devant être apprécié comme final subjectivement, il sera par conséquent rapporté par l'imagination soit à la faculté de connaître, soit à la faculté de désirer, mais dans l'une ou l'autre de ces relations la finalité de la représentation donnée ne sera considérée qu'au point de vue de ces facultés (sans fin ou intérêt) et c'est pourquoi on peut diviser l'analyse du sublime en deux parties, dans un premier cas en sublime-mathématique et alors la finalité sera attribuée à l'objet, en tant que disposition mathématique de l'imagination, et dans un second cas en sublime-dynamique comme disposition dynamique de l'imagination (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §24, p87).

Division du sublime en sublime-mathématique et sublime-dynamique:

Du sublime-mathématique:

Premier moment: de la grandeur et du grand:

"Nous nommons sublime ce qui est absolument grand" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §25, p87).

 

Il faut donc faire la distinction entre l'expression "être grand" et "être une grandeur", car ce qui est absolument grand signifie ce qui est grand au-delà de toute comparaison. Dans le premier cas ce doit être un concept de la faculté de juger ou un concept qui en dérive et il doit y avoir au fondement une finalité subjective de la représentation en relation à la faculté de juger. mais qu'une chose soit une grandeur (quantum), c'est là ce qui peut être connu à partir de la chose elle-même, sans aucune comparaison avec d'autres choses, il suffit, en effet, que la pluralité de l'homogène constitue, composée, une unité et ainsi nous voyons que toute détermination de grandeur des phénomènes ne peut en aucun cas fournir le concept absolu d'une grandeur, mais toujours un concept comparatif qui ne se borne pas au sujet qui juge mais exige l'adhésion de chacun. Ainsi dans un jugement où quelque chose est caractérisé comme grand, il faut qu'il y ait au fondement de ce jugement une mesure que l'on présuppose susceptible d'être admise comme identique pour tous bien qu'elle ne soit propre à aucune appréciation logique (mathématiquement déterminée), mais seulement à l'appréciation esthétique de la grandeur, parce qu'il s'agit d'une mesure simplement subjective, se trouvant au fondement du jugement réfléchissant sur la grandeur. Cette mesure peut en outre être soit une mesure empirique (une grandeur moyenne) soit une mesure donnée a priori, qui est limitée par les insuffisances du sujet jugeant aux conditions subjectives d'une représentation in concreto; ainsi en est-il au point de vue pratique de la grandeur d'une certaine vertu ou de la liberté publique et de la justice dans un pays; et au point de vue théorique de la grandeur de l'exactitude ou de l'inexactitude d'une observation ou d'une mesure effectuée... (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §25, p88-89).

Ainsi il est remarquable que, lors même que nous avons aucun intérêt pour l'objet, c'est-à-dire que son existence nous est indifférente, la simple grandeur de celui-ci, même quand l'objet est considéré comme dépourvu de forme, puisse toutefois susciter une satisfaction, qui est universellement communicable et qui par conséquent enveloppe la conscience d'une finalité subjective dans l'usage de notre faculté de connaître, aussi s'agit-il d'une satisfaction relative à l'extension de l'imagination elle-même.

Quand nous disons simplement d'un objet: il est grand, il s'agit d'un jugement de la réflexion sur la représentation de l'objet, qui possède une finalité subjective pour un certain usage de nos facultés de connaître dans l'évaluation de la grandeur. Nous lions alors toujours à la représentation une sorte de respect tout de même que nous attachons un certain mépris à ce que nous déclarons, sans plus, petit, il faut en chercher la raison en ceci: ce que nous présentons dans l'intuition suivant la prescription de la faculté de juger (et que nous représentons par conséquent esthétiquement) est toujours phénomène, et en conséquence est aussi un quantum (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §25, p89).

Mais quand nous déclarons une chose grande simplement, absolument, sous tous les rapports (au-delà de toute comparaison), c'est-à-dire sublime on voit aussitôt que nous ne nous permettons pas que l'on cherche en dehors de cette chose une mesure qui lui serait appropriée, mais nous voulons qu'on la trouve seulement en cette chose elle-même. C'est une grandeur qui n'est égale qu'à elle-même:

 

Il s'en suit que le sublime ne doit pas être cherché dans les choses de la nature, mais seulement en nos Idées.

 

Or la question de savoir en lesquelles il se trouve doit être réservée pour la déduction.

Deuxième moment: de l'infiniment petit:

"Est sublime ce en comparaison de quoi tout le reste est petit" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §25, p89).

 

On voit ici qu'il n'est rien en la nature qui puisse être donné, quelque grand que nous le jugions, qui considéré dans un autre rapport ne soit susceptible d'être dégradé jusqu'à l'infiniment petit et qu'inversement il n'est rien de si petit, que par comparaison avec d'autre mesures plus petites encore, il ne puisse pour notre imagination être agrandi jusqu'à la dimension d'un monde:

 

Rien donc, de tout ce qui peut être objet des sens, ne peut, considéré en ce sens, être dit sublime.

 

Mais précisément parce qu'il y a en notre imagination un effort au progrès à l'infini et en notre raison une prétention à la totalité absolue comme à une Idée réelle, le fait que notre faculté d'évaluation de la grandeur des choses du monde sensible ne convienne pas à cette Idée éveille le sentiment d'une faculté supra-sensible en nous, et c'est l'usage que la faculté de juger fait naturellement de certains objets en vue de ce dernier (le sentiment), et non l'objet des sens, qui est absolument grand tandis que par rapport à lui tout autre usage est petit.

 

Il ne faut donc pas nommer sublime l'objet, mais la disposition de l'esprit suscitée par une certaine représentation, qui occupe la faculté de juger réfléchissante.

 

Nous pouvons ainsi ajouter aux autre formules de la définition du sublime la suivante:

 

"Est sublime ce qui, par cela seul qu'on peut le penser, démontre une faculté de l'âme, qui dépasse toute mesure des sens" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §25, p90).

 

La nature est ainsi sublime dans ceux de ses phénomènes, dont l'intuition suscite l'Idée de son infinité. Cela ne peut se produire d'aucune manière, si ce n'est par l'impuissance même de l'effort le plus grand de l'imagination dans l'évaluation de la grandeur d'un objet et c'est dans l'évaluation esthétique de la grandeur que l'effort pour obtenir la compréhension, qui dépasse la faculté qu'à l'imagination de comprendre l'appréhension progressive dans un tout de l'intuition est senti, tandis qu'en même temps est perçue l'impuissance de cette faculté - sans limite si l'on considère la progression - à saisir la mesure fondamentale convenant au plus petit travail de l'entendement dans l'évaluation de la grandeur. or la mesure fondamentale propre et invariable de la nature est le tout absolu de celle-ci qui est infinité totale en tant que phénomène. Et comme cette mesure fondamentale est un concept contradictoire (en raison de l'impossibilité de la totalité absolue d'un progrès sans terme), cette grandeur d'un objet de la nature, auquel l'imagination applique en vain toute sa faculté de compréhension, doit conduire le concept de la nature à un substrat supra-sensible (qui se trouve en même temps au fondement de celle-ci et de notre faculté de penser), grand par de-là toute mesure des sens, et qui par conséquent permet non pas de considérer l'objet même, mais bien plutôt la disposition de l'âme comme sublime dans l'évaluation de l'objet (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §26, p94-95).

D'où l'on voit que le vrai sublime n'est qu'en l'esprit de celui qui juge et qu'il ne faut point le chercher dans l'objet naturel, dont la considération suscite cette disposition du sujet: l'esprit se sent grandir dans sa propre estime si dans la contemplation de l'objet naturel il s'abandonne, sans prêter attention à la forme de ces choses, à l'imagination et à la raison, qui ne fait qu'élargir l'imagination à laquelle elle se trouve liée, bien que ce ne soit pas du tout avec une fin déterminée, et si il trouve la puissance de l'imagination inférieure aux Idées de la raison. Dans le jugement esthétique d'un ensemble ainsi incommensurable le sublime se situe moins dans la grandeur du nombre que dans le fait que nous parvenons toujours en progressant à des unités de plus en plus grandes; la division systématique du monde y contribue, car elle nous représente tout ce qui est grand dans la nature comme petit à son tour et nous représente en fait dans notre imagination en tout ce qu'elle a d'illimité et avec celle-ci la nature comme s'évanouissant devant les Idées de la raison, lorsqu'il faut en donner une représentation qui leur convienne (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §26, p95-96).

Du mouvement de l'esprit dans la représentation du sublime dans la nature:

Ce mouvement peut-être comparé à un ébranlement, c'est-à-dire à la rapide succession de la répulsion et de l'attraction par un même objet. Le transcendant (Ueberscwengliche) est pour l'imagination (qui s'y trouve poussée dans l'appréhension de l'intuition), en quelque sorte un abîme en lequel elle a peur, mais il est conforme à la loi et non transcendant pour l'Idée rationnelle du supra-sensible que de produire un tel effort de l'imagination, et c'est là ce qui, alors, est attirant dans l'exacte mesure où il avait été repoussant pour la simple sensibilité. En ceci le jugement lui-même ne demeure toujours qu'esthétique, car il représente seulement sans posséder à son fondement un concept déterminé d'un objet, le jeu subjectif des forces de l'esprit (imagination et raison) comme harmonieux même de par leur contraste (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §27, p97).

De la qualité du sublime:

Il s'agit d'un sentiment de peine qui concerne la faculté esthétique de juger en rapport à un objet, et qui est toutefois en cela même temps représenté comme final; ceci est possible par le fait que l'impuissance propre du sujet dévoile la conscience d'une faculté sans borne du même sujet et que l'esprit ne peut juger esthétiquement cette faculté que par son impuissance (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §27, p98).

Ainsi lorsqu'une grandeur approche donc le maximum de notre pouvoir de compréhension dans une intuition, tandis que l'imagination est sollicitée par des grandeurs numériques, en rapport auxquelles nous avons conscience que notre faculté ne connaît pas de limite, à une compréhension esthétique dans une unité maximale, nous sentons alors dans notre esprit comme esthétiquement enfermés en des limites, et cependant nous trouvons une certaine finalité dans le déplaisir ressenti en fonction de l'extension de l'imagination qui est nécessaire pour qu'elle convienne à qui est illimité en notre faculté de raison et l'évocation de celles-ci. Le jugement esthétique lui-même devient précisément par là subjectivement final pour la raison, comme source des Idées, c'est-à-dire d'une compréhension intellectuelle telle, que de son point de vue toute compréhension esthétique est petite, et l'objet est saisi comme sublime avec une joie, qui n'est possible que par la médiation d'une peine (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §27, p98).

Du sublime dynamique de la nature:

De la peur:

"Lorsque la nature doit être considérée comme sublime par nous en un sens dynamique, elle doit être représentée comme suscitant la peur" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §28, p98).

 

Bien que tout objet engendrant la peur ne soit pas inversement trouvé sublime dans notre jugement esthétique, la supériorité sur l'obstacle ne peut être appréciée qu'en raison de la grandeur de la résistance. Or ce à quoi nous nous efforçons de résister est un mal, et lorsque nous ne trouvons pas notre force égale à celui-ci, il s'agit d'un objet qui fait peur (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §28, p99).

De la peur, du sublime et du beau:

Celui qui prend peur ne saurait pas plus porter un jugement sur le sublime de la nature que celui, qui est dominé par l'inclination et l'appétit, ne peut porter un jugement sur le beau. En effet il fuit la vue de l'objet de ces craintes et l'agrément qui naît de la cessation d'une situation pénible est le sentiment de joie. C'est pourquoi nous nommons des objets sublimes ceux dont le spectacle est plus propre à susciter la peur que nous nous trouvons en sécurité, comme devant des rochers se détachant audacieusement, l'immense océan dans sa fureur: ces objets sublimes élèvent les forces de l'âme au-dessus de l'habituelle moyenne et nous fait découvrir en nous un pouvoir de résistance d'un tout autre genre qui nous donne le courage de nous mesurer avec l'apparente toute-puissance de la nature.

Passage de la peur au courage par le sublime:

En ce sens la nature n'est pas considérée comme sublime dans notre jugement esthétique dans la mesure où elle engendre la peur, mais parce qu'elle constitue un appel à la force qui est en nous (mais qui n'est pas nature), force qui nous permet de regarder ce dont nous nous soucions (les biens, la santé et la vie) comme de petite chose et par conséquent de ne pas voir en celle de la nature (à laquelle nous sommes soumis en toutes ces choses) en ce qui nous concerne nous et notre personnalité une puissance devant laquelle nous devrions nous incliner, lorsqu'il s'agit de nos principes suprêmes et de leur maintien ou de leur abandon.

 

"La nature est donc dite en ceci sublime, uniquement parce qu'elle élève l'imagination à la présentation de ces situations, en lesquelles l'esprit peut se rendre sensible ce qui est proprement sublime en sa destination et supérieur même à la nature" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §28, p100).

 

Ainsi l'épreuve de cette satisfaction exaltante ne concerne ici que la destination de notre faculté, qui se découvre en une telle situation, en tant que la disposition à celle-ci est en notre nature, tandis que le développement et l'exercice de cette faculté nous sont laissés et que cela demeure une obligation. Et ceci est vrai, quelle que soit la clarté avec laquelle, si sa réflexion s'étend jusque là, l'homme peut avoir conscience de son impuissance actuelle et effective (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §28, p100).

"Ainsi le sublime n'est contenu en aucune chose de la nature, mais seulement en notre esprit, dans la mesure où nous pouvons devenir conscient d'être supérieurs à la nature en nous, et ce faisant à la nature en dehors de nous (pour autant qu'elle exerce son action sur nous) ". (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §28, p102).

 

Tout ce qui en nous suscite ce sentiment, comme la force de la nature, qui sollicite nos forces, est donc dit sublime (mais improprement) ; et c'est seulement sous la présupposition de cette Idée en nous et en relation avec celle-ci que nous sommes capables de parvenir à l'Idée de la nature sublime de cet être, qui fait naître en nous un respect profond non seulement par la force, qu'il manifeste en la nature, mais encore et surtout par la faculté qui est en nous, de juger celle-ci sans peur et de penser que notre destination est encore plus sublime (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §28, p102).

De la modalité du jugement sur le sublime de la nature:

La modalité d'un jugement esthétique est la nécessité qui leur est attribuée (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §29, p103).

De la différence de modalité du beau et du sublime:

Autant pour le beau nous admettons la concordance du jugement de tout un chacun avec le notre et nous pouvons même nous y attendre sans risquer de nous tromper, de même nous ne pouvons pas nous promettre que notre jugement sur le sublime en la nature sera aussi bien reçu par autrui.

De la modalité du sublime:

En effet il semble qu'une culture beaucoup plus développée non seulement de la faculté de juger esthétique, mais encore des facultés de connaissance qui se trouve à son fondement, soit indispensable, afin de pouvoir porter un jugement sur cet aspect si remarquable des objets naturels.

La disposition de l'esprit supposée par le sentiment du sublime exige une ouverture de celui-ci aux Idées; c'est en effet dans l'inadéquation de la nature à celle-ci, par conséquent seulement sous la présupposition des Idées et de l'effort de l'imagination pour traiter la nature comme un schème pour celles-ci, que consiste ce qui est effrayant pour la sensibilité et en même temps attrayant: c'est qu'en ceci la raison exerce avec violence sa puissance sur la sensibilité, à seule fin de l'élargir à la mesure de son domaine propre qui est pratique et de lui faire jeter un regard sur l'infini, qui est pour elle un abîme. En fait sans développement des Idées éthiques, ce que, préparé par la culture, nous nommons sublime ne paraîtra qu'effrayant à l'homme inculte.

Dans les preuves gigantesques de la puissance de la nature, en ses destructions, dans la mesure si grande de sa force par rapport à laquelle les siennes sont anéanties, il verra uniquement les peines, les dangers et la détresse, dont l'homme serait entouré, s'il se trouvait prisonnier de telles circonstances (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §29, p102).

Mais parce que le jugement sur le sublime de nature a besoin d'une certaine culture (plus que le jugement sur le beau), il n'est pas toutefois pour cette raison primitivement produit par la culture et introduit comme quelque chose de seulement conventionnel en la société; au contraire il possède son fondement dans la nature humaine et à la vérité en cela même que l'on peut avec le bon sens supposer et exiger en chacun, c'est-à-dire dans la disposition au sentiment pour les Idées (pratiques), soit au sentiment moral. C'est en cela que se fonde donc la nécessité de l'accord du jugement d'autrui sur le sublime avec le notre.

En ce sens on peut dire que dans le jugement d'un objet de la nature, que nous trouvons beau, nous reprochons à celui qui est indifférent un manque de goût, de même nous disons de celui qui reste sans réaction devant ce que nous jugeons sublime qu'il n'a aucun sentiment. Or nous exigeons ces deux qualités en tout homme et nous les supposons chez un homme qui possède quelque culture; avec cette différence toutefois que nous exigeons strictement cette première qualité, puisque en ceci la faculté de juger ne fait que rapporter l'imagination avec l'entendement comme faculté des concepts, tandis que nous exigeons la seconde qualité, puisque l'imagination y est rapportée à la raison comme faculté des Idées, seulement selon une présupposition subjective (que nous croyons autorisés à admettre de chacun), qui est celle du sentiment moral en l'homme et par là nous attribuons la nécessité à ce jugement esthétique.

De la modalité du jugement esthétique comme moment capital de la critique de la faculté de juger:

La modalité fait reconnaître dans les jugement esthétiques un principe a priori et les dégage de la psychologie empirique, en la quelle ils resteraient autrement ensevelis sous les sentiments de bien-être et de douleur (avec l'insignifiance épithète de sentiment plus fin), pour les mettre, et grâce à eux la faculté de juger, dans la classe des jugements qui ont à leur fondement des principes a priori , et les intégrer comme tels dans la philosophie transcendantale (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §29, p103).

Représentation abstraite du sublime et de la loi morale:

Il ne faut pas redouter que le sentiment du sublime ne soit perdu par un mode de présentation aussi abstrait, qui par rapport au sensible est tout à fait négatif, car bien que l'imagination ne trouve rien de sensible, à quoi elle puisse se rattacher, elle se sent toutefois illimitée en raison de la disparition de cette borne, et cette abstraction est ainsi une présentation de l'infini, qui précisément pour cette raison, ne peut jamais être qu'une simple présentation négative, qui cependant élargit l'âme. Il en va de même aussi de la représentation de la loi morale et de la disposition à la moralité en nous. C'est un souci tout à fait vain que de croire que privée de tout ce qui peut la recommander aux sens, celle-ci ne rencontrerait qu'une approbation froide et sans vie et ne s'accompagnerait ni de force vive, ni d'émotion. De plus le caractère insondable de la liberté rend complètement impossible toute présentation positive; la loi morale est en elle-même suffisante et originairement déterminante en nous de telle sorte qu'il n'est pas permis de chercher une raison de détermination en dehors de celle-ci. (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p111).

Du concept du sublime de la nature: Le concept du sublime de la nature est bien moins important et riche en conséquences que celui du beau de la nature et il n'indique en général rien de final dans la nature, mais seulement dans l'usage possible de ses intuitions, afin de rendre, en nous-mêmes sensible une finalité tout à fait indépendante de la nature (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §23, p86).

 

Superstition (Aberglaube, Superstition):

C'est de tous les préjugés le plus grand en ce qu'il consiste à se représenter la nature comme n'étant pas soumise aux règles que l'entendement de par sa propre et essentielle loi lui donne pour fondement. La superstition doit être appelée de préférence (in sensu eminenti) un préjugé, puisque l'aveuglement en lequel elle plonge l'esprit et bien qu'elle exige comme une obligation, montre d'une manière remarquable le besoin d'être guidé par d'autres et par conséquent l'état d'une raison passive (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §40, p128) (cf. les lumières).

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