Introduction à la philosophie critique d'Emmanuel Kant | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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B : Beau (Shön): Lorsque la question est de savoir si une chose est belle ou non, nous désirons savoir, nous-mêmes ou toute autre personne, comment nous la jugeons en la considérant simplement (qu'il s'agisse d'intuition ou de réflexion) et non pas si nous pourrions porter un intérêt à l'existence de la chose. On ne désire uniquement savoir si la seule représentation de l'objet est accompagnée en moi par une satisfaction, aussi indifférent que je puisse être à l'existence de l'objet de cette représentation. Ce qui importe pour dire l'objet beau et prouver que j'ai du goût, c'est ce que je découvre en moi en fonction de cette représentation et non par quoi je dépends de l'existence de l'objet. Chacun doit reconnaître qu'un jugement sur la beauté en lequel se mêle le plus petit intérêt est très partial et ne peut être un jugement de goût pur. Pour jouer le rôle de juge en matière de goût il ne faut pas se soucier le moins du monde de l'existence de l'objet, mais bien au contraire être indifférent en ce qui y touche (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §2, p50).
"On appelle beau l'objet dont la satisfaction est obtenue par le goût, c'est-à-dire par la faculté de juger un objet ou un mode de représentation, sans aucun intérêt" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §5, p55).
"Est beau ce qui plaît universellement sans concept" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §9, p62).
"Le beau est l'objet d'une satisfaction désintéressée" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §6, p55).
"Le beau est ce qui est représenté sans concepts comme objet d'une satisfaction universelle" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §6, p55).
En effet qui a conscience que la satisfaction produite par un objet est exempte d'intérêt, ne peut faire autrement qu'estimer que cet objet doit contenir un principe de satisfaction pour tous: la satisfaction ne se fonde pas sur quelque inclination du sujet (ou quelque autre intérêt réfléchi), mais au contraire celui qui juge se sent entièrement libre par rapport à la satisfaction qu'il prend à l'objet, et il ne peut dégager comme principe de la satisfaction aucune condition d'ordre personnel dont il serait seul à dépendre comme sujet: par conséquent il doit croire qu'il a raison d'attribuer à chacun une satisfaction semblable. Autrement il parlera du beau, comme si la beauté était une structure de l'objet et comme si le jugement était logique alors que le jugement n'est qu'esthétique et ne contient qu'un rapport de la représentation de l'objet au sujet, c'est que le jugement esthétique ressemble toutefois au jugement logique qu'on peut le supposer valable pour chacun, mais cette universalité ne peut résulter de concepts:
Il n'existe pas de passage des concepts au sentiment de plaisir ou de peine (exception faite dans les pures lois pratiques qui entraînent un intérêt, tant disque le pur jugement de goût n'est lié à rien de tel).
Il s'ensuit que la prétention de posséder une valeur pour tous doit être liée au jugement de goût et à la conscience d'être dégagé de tout intérêt, sans que cette prétention dépende d'une universalité fondée objectivement, en d'autres termes, la prétention à une universalité subjective doit être liée au jugement de goût (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §6, p56). C'est pourquoi l'on regarde quelque productions de goût comme exemplaires; et non comme si le goût était susceptible d'être acquis par l'imitation le goût doit en effet, être une faculté personnelle. Aussi ce prototype du goût, qui évidement repose sur l'Idée indéterminée que la raison nous donne d'un maximum et qui ne peut être représenté par des concepts, mais seulement dans une présentation particulière, peut plus justement être appelée l'Idéal du beau, et quoique nous le possédions pas, nous tendons cependant à le produire en nous. ce ne sera cependant qu'un idéal de l'imagination, précisément parce qu'il ne repose pas sur des concepts, mais sur la présentation; or l'imagination est la faculté de la présentation.
Questions: Comment parvenons-nous à un tel Idéal de beauté? A priori ou empiriquement? Quel genre de beau est-il susceptible d'un Idéal?
Ainsi, seul ce qui a en lui-même la fin de son existence, l'homme qui peut déterminer lui-même ses fins par la raison, ou qui lorsqu'il doit les dégager de la perception externe peut les unir avec des fins essentielles et universelles et juger esthétiquement cet accord: seul donc parmi tous les objets du monde, cet être qui est l'homme est capable d'un Idéal de beauté, tout de même qu'en sa personne comme intelligence l'humanité est capable d'un Idéal de perfection (cf. les deux sortes d'Idée). Lorsqu'il s'agit de ce qui est agréable, chacun consent à ce que son jugement, qu'il fonde sur un sentiment personnel et en fonction duquel il affirme d'un objet qu'il lui plaît, soit restreint à sa seule personne: "cela m'est agréable". C'est pourquoi le principe: "A chacun son goût" (s'agissant des sens) est un principe valable pour ce qui est agréable (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §7, p56). Il en va tout autrement pour le beau; il serait ridicule que quelqu'un, s'imaginant avoir du goût, songe à en faire la preuve en déclarant: cet objet est beau pour moi, car il ne doit pas appeler beau, ce qui ne plaît qu'à lui. En effet lorsqu'il dit qu'une chose est belle, il attribue aux autres la même satisfaction, il ne juge pas seulement pour lui, mais pour autrui et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété des choses. C'est pourquoi il dit: la chose (Sache) est belle et dans son jugement exprimant sa satisfaction, il exige l'adhésion des autres, et loin de compter sur leur adhésion, parce qu'il a constaté maintes fois que leur jugement s'accordait avec le sien, il les blâme s'ils jugent autrement et leur dénie un goût, qu'ils devraient cependant posséder d'après ses exigences, et ainsi on en peut dire: "A chacun son propre goût". Cela reviendrait à dire: le goût n'existe pas, il n'existe pas de jugement esthétique qui pourrait légitimement prétendre à l'assentiment de tous. Dans l'appréciation de l'agréable il peut y avoir unanimité parmi les hommes, unanimité en fonction de laquelle on dénie aux uns le goût qu'on accorde aux autres comme faculté d'apprécier l'agréable en général. Mais il ne s'agit que d'universalité par comparaison, aussi bien il n'y a là que des règles générales (comme sont toutes les règles empiriques), et non des règles universelles comme celles auxquelles le jugement de goût se conforme, ou peut en appeler. Dans la mesure où elle s'appuie sur des règles empiriques il s'agit donc d'un jugement se rapportant à la société. Par rapport au bon, les jugements prétendent aussi à bon droit posséder une valeur pour tous, toutefois le bon n'est représenté comme objet d'une satisfaction universelle que par concept, ce qui n'est le cas ne de l'agréable, ni du beau (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §7, p57). De la différence entre le beau et le bon: Le beau, dont le jugement (Beurteilung) n'a son fondement qu'une finalité simplement formelle, c'est-à-dire sans fin, est tout à fait indépendant de la représentation du bon (Gut) puisque celui-ci présuppose une finalité objective, c'est-à-dire la relation de l'objet à une fin déterminée (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §15, p68). La différence entre les concepts du beau et du bon, comme une différence des deux concepts seulement suivant la forme logique, le premier étant un concept confus, le second distinct de la perfection, tandis qu'ils seraient identiques en leur contenu et leur origine, est une différence sans valeur. S'il en était autrement il n'y aurait entre ces concepts aucune différence spécifique, mais le jugement de goût serait tout aussi bien un jugement de connaissance que le jugement par lequel on affirme que quelque chose est bon (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §15, p70).
"L'esprit se sent mis en mouvement dans la représentation du sublime dans la nature, en revanche dans le jugement esthétique sur le beau dans la nature, il est dans une calme contemplation" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §27, p97).
Le beau exige la représentation d'une certaine qualité de l'objet, qui peut être rendue intelligible et être ramenée à des concepts (bien que cela ne s'effectue pas dans le jugement esthétique) ; et cela nous cultive en nous enseignant à prêter attention à la finalité dans le sentiment de plaisir, en ce sens on peut définir le beau de la manière suivante:
"Le beau est ce qui plaît dans le simple jugement (donc sans la médiation de la sensation du sens d'après un concept de l'entendement). Il s'ensuit qu'il doit plaire sans intérêt".
(Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p104).
Tous deux se rapportent à des principes subjectifs, d'une part par la relation à la sensibilité, dans la mesure où elle favorise l'entendement contemplatif, d'autre part en opposition à la sensibilité, de par leur rapport aux fins de la raison pratique, et sont toutefois unis en un même sujet et possèdent un caractère final en relation au sentiment moral:
"Le beau nous prépare à aimer quelque chose d'une façon désintéressée, même la nature, et le sublime à l'estimer contre notre intérêt (sensible) " (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p105).
Le beau de la nature concerne la forme de l'objet, qui consiste dans la limitation de la sorte le beau semble convenir à la présentation d'un concept indéterminé de l'entendement. Ainsi la satisfaction relative au beau est liée à la représentation de la qualité et elle entraîne directement un sentiment d'épanouissement de la vie et de ce fait est susceptible d'être unie avec l'attrait de l'imagination qui joue (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §23, p84). En revanche, le sublime pourra être trouvé aussi en un objet informe, pour autant que l'illimité sera présenté en lui ou grâce à lui et que néanmoins s'y ajoutera par la pensée la notion de sa totalité, et de la sorte le sublime semble convenir à la présentation d'un concept indéterminé de la raison. Ainsi la satisfaction relative au sublime est liée à celle de la quantité et le sentiment du sublime est un plaisir qui ne jaillit qu'indirectement, étant produit par le sentiment d'un arrêt des forces vitales durant un bref instant immédiatement suivi par un épanchement de celles-ci d'autant plus fort, et par conséquent en tant qu'émotion il ne semble pas être un jeu, mais une chose sérieuse dans l'occupation de l'imagination. C'est pourquoi ce plaisir est inconciliable avec l'attrait; et puisque l'esprit n'est pas seulement attiré par l'objet, mais que tour à tour, il se trouve toujours repoussé, la satisfaction qui procède du sublime ne comprend pas tellement un plaisir positif que bien plutôt admiration ou respect, et elle mérite ainsi d'être dite un plaisir négatif (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §23, p84-85). En tant que nous considérons que le sublime relatif aux objets naturels, la beauté naturelle - libre - comprend en sa forme un e finalité, par laquelle l'objet semble être à l'avance comme déterminé pour notre faculté de juger, en revanche ce qui suscite en nous le sentiment du sublime sans que nous raisonnions, en la simple appréhension, peut paraître à la vérité en sa forme rien moins que final pour notre faculté de juger, inapproprié à notre faculté de représentation et, pour ainsi dire violant l'imagination, et être néanmoins, pour cette raison, jugé d'autant plus sublime (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §23, p85). De la différence du principe du beau et du sublime: Pour le beau de la nature nous devons chercher en dehors de nous un principe, pour le sublime nous devons chercher en nous un principe comme principe de la manière de penser qui introduit le sublime dans la représentation de la nature; cela sépare donc complètement les Idées du sublime de celle d'une finalité de la nature et qui fait de la théorie du sublime un simple appendice à l'analyse du jugement esthétique de la finalité de la nature, puisqu'en ceci aucune forme particulière dans la nature n'est représentée, et qu'on développe simplement un usage final, que l'imagination fait de sa représentation (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre II, §23, p86). Du beau comme satisfaction positive: La satisfaction qui touche le beau est positive car il s'agit d'un sentiment en lequel l'imagination se donne de la liberté car elle est déterminée suivant une loi dont l'usage est empirique. Du sublime comme satisfaction négative: La satisfaction prise au sublime de la nature n'est que négative; il s'agit d'un sentiment en lequel l'imagination se prive elle-même de la liberté puisqu'elle est déterminée en un sens final suivant une autre loi que celle d'un usage empirique. Ce faisant elle acquiert une portée et une force plus grandes que celles qu'elle a sacrifiées, mais dont le fondement lui demeure caché et plutôt que celui-ci c'est le sacrifice ou la spoliation qu'elle sent en même temps que la cause à laquelle elle est soumise (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p106). De la satisfaction commune entre le beau et le sublime et de la différence avec les autres jugements esthétiques: Bien que la satisfaction concernant le beau et le sublime soient différente nettement des autres jugements esthétiques, non seulement par le fait d'être universellement communicables, mais encore parce qu'elles possèdent de par cette propriété un intérêt en rapport à la société (en laquelle elle peut être communiquée), néanmoins l'isolement de toute société est considéré comme quelque chose de sublime, lorsqu'il repose sur des Idées qui dépassent tout intérêt sensible (Remarque générale sur l'exposition des jugements réfléchissants p112). La faculté de juger esthétique dans la considération du beau rapporte l'imagination en son libre jeu à l'entendement, afin de l'accorder avec les concepts de celui-ci en général (sans détermination de ceux-ci) (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §26, p95). Du sublime et de l'imagination: La faculté de juger esthétique dans la considération du sublime rapporte l'imagination à la raison dans le jugement d'une chose comme sublime, afin qu'elle s'accorde subjectivement avec les Idées de la raison (sans déterminer lesquelles), c'est-à-dire afin de produire une disposition de l'âme, qui est conforme à celle que l'influence d'Idées déterminées (les Idées pratiques) sur le sentiment engendrerait et en harmonie avec elle (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §26, p95). En ce sens l'imagination suivant les lois de l'association rend l'état en lequel nous ressentons une joie paisible dépendant au point de vue physique; mais l'imagination elle-même est d'après les principes du schématisme de la faculté de juger (par conséquent dans la mesure où elle est subordonnée à la liberté) l'instrument de la raison et de ses Idées, et en tant que telle, c'est une force qui peut affirmer notre indépendance contre l'influence qu'exerce la nature, faire déchoir dans la petitesse ce qui est grand en celle-ci et poser l'absolument grand uniquement en la destination propre du sujet. cette réflexion de la faculté de juger esthétique, pour rendre conforme l'imagination à la raison, sans en posséder un concept déterminer, représente l'objet comme subjectivement final toutefois par l'insuffisance objective de l'imagination, même en sa plus grande extension pour la raison (en tant que faculté des Idées) (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p106). Ces expressions ne sont pas tout à fait exactes car ce sont des modes de représentations esthétiques, qui ne se rencontreraient vraiment pas en nous, si nous n'étions que de pures intelligences (ou si encore par la pensée nous nous placions dans cette conditions) (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p107). Bien que ces deux modes de représentation, comme objets d'une satisfaction intellectuelle (morale), puissent être unis à la satisfaction esthétique, dans la mesure même où ils ne reposent sur aucun intérêt, ils demeurent en revanche en cela même difficiles à unir avec elle, parce qu'ils doivent susciter un intérêt; or si la présentation doit s'accorder avec la satisfaction dans le jugement esthétique, cela ne peut jamais s'effectuer autrement que par un intérêt des sens, qu'on lie à cet effet dans la présentation, mais cela nuit à la finalité intellectuelle et elle perd de sa pureté (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p108). On peut dire dans un premier temps que le beau ne doit avoir aucun intérêt comme principe déterminant. Mais il ne s'en suit pas, qu'une fois qu'il a été porté comme jugement esthétique pur, aucun intérêt ne puisse être lié. Cette liaison ne pourra toutefois jamais être qu'indirecte; autrement dit le goût doit tout d'abord être représenté comme lié avec quelque chose d'autre afin que l'on puisse encore lié à la satisfaction de la simple réflexion sur l'objet un plaisir relatif à l'existence de celui-ci (en quoi tout intérêt consiste). Du beau comme intérêt empirique dans la société: Le beau n'intéresse que dans la société; et si l'on admet que la tendance à la société est naturelle à l'homme, mais que l'aptitude et le penchant pour la société, c'est-à-dire la sociabilité, sont nécessaires à l'homme en tant que créature destinée à vivre en société, et constituent une propriété appartenant à l'humanité, on ne peut manquer de considérer le goût comme une faculté de juger ce qui permet de communiquer même son sentiment à tout autre et par conséquent comme un moyen de réaliser ce qu'exige l'inclinaison (inclination) naturelle de chacun. Ainsi un homme abandonné sur une île déserte ne tenterait pour lui-même d'orner ni sa hutte, ni lui-même ou de chercher des fleurs, encore moins de les planter pour s'en parer, ce n'est que dans la société qu'il lui vient à l'esprit de n'être pas simplement homme mais aussi d'être aussi à sa manière un homme raffiné (c'est le début de la civilisation).
"[l'homme raffiné est] celui qui tend et est habile à communiquer son plaisir aux autres et qu'un objet ne peut satisfaire, lorsqu'il ne peut en ressentir la satisfaction en commun avec d'autres" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §41, p130).
De même chacun attend et exige de chacun qu'il tienne compte de cette communication universelle en raison d'un contrat originaire pour ainsi dire, qui est dictée par l'humanité elle-même, et sans doute il ne s'agit au début que de choses attrayantes qui ne procurent aucun contentement, c'est-à-dire aucune satisfaction de jouissance, qui furent dans la société importantes et liées à un grand intérêt, jusqu'à ce que la civilisation enfin parvenue au plus haut point fasse de ces formes presque le but essentiel d'une inclination raffinée et n'accorde de valeur aux sensations que dans la mesure où elles peuvent être universellement communiquées, et alors même si le plaisir, que chacun peut retirer d'un tel objet, est insignifiant et ne possède en lui-même aucun intérêt remarquable, l'idée de sa communicabilité universelle en accroît presqu'infiniment la valeur. Cet intérêt qui s'attache au beau par l'inclination à la société, et qui par conséquent est empirique, est pour nous sans importance, puisque nous ne devons considérer que ce qui peut posséder une relation, même si cela n'est qu'indirectement, au jugement de goût a priori. En effet, si un intérêt lié à cette forme devait y être découvert, le goût révélerait un passage (Uebergang) de notre faculté de juger de la jouissance des sens au sentiment moral et outre le fait qu'on ne saurait être mieux guidé que par là à donner au goût une activité finale, on exposerait aussi un anneau central (Mittelglied) de la chaîne des facultés humaines a priori, dont toute législation doit dépendre. Ce que l'on peut dire de l'intérêt empirique aux objets du goût et du goût lui-même, c'est que celui-ci, puisqu'il se livre à l'inclination, peut bien se confondre avec toutes les tendances et toutes les passions et que l'intérêt relatif au beau, lorsqu'il se fonde là-dessus, ne peut fournir qu'un passage très équivoque de l'agréable au bon. Nous devons rechercher si ce passage ne pourrait pas toutefois être réalisé par le goût lorsqu'il est considéré dans sa pureté (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §41, p130-131). De l'intérêt intellectuel concernant le beau: En un premier temps on pourrait considérer que le signe d'un caractère moralement bon était de prendre un intérêt au beau en général, mais non sans raison certains ont objecté que les virtuoses du goût non seulement souvent, mais même habituellement sont vains, têtus, abandonnés à de pernicieuse passions et pourraient bien moins encore que d'autre prétendre au privilège d'être attachés à des principes moraux, et il semble que non seulement le sentiment du beau est spécifiquement différent du sentiment moral, mais encore que l'intérêt que l'on peut y lier, est difficilement susceptible d'être uni au sentiment moral et en aucun cas ne peut l'être en raison d'une affinité intérieure. De l'intérêt immédiat aux beautés de la nature comme disposition de l'esprit au sentiment moral: Ainsi on peut dire que l'intérêt relatif aux beautés de l'art ne donne aucune preuve d'une pensée attachée au bien moral, ou seulement même d'une pensée qui y tende, en revanche:
"prendre un intérêt immédiat à la beauté de la nature est toujours le signe d'une âme qui est bonne et que, si cet intérêt est habituel, il indique tout au moins une disposition de l'esprit favorable au sentiment moral, s'il se lie volontiers à la contemplation de la nature" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §42, p131).
Il ne s'agit que des belles formes de la nature et non des attraits qui d'ordinaire se lient si abondamment à celle-ci, parce que l'intérêt qui s'y porte est sans doute immédiat, mais toutefois empirique, en effet celui qui prend un intérêt immédiat et intellectuel à la beauté de la nature sans l'intention de vouloir communiquer à d'autres ses observations, c'est dire que non seulement le produit de la nature lui plaît selon la forme, mais encore que l'existence de celui-ci lui plaît, sans qu'aucun attrait sensuel n'intervienne, ou qu'il le lie à quelque fin (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §42, p131).
"Ce privilège de la beauté naturelle sur celle de l'art d'inspirer seule un intérêt immédiat, s'accorde avec la manière de pensée éclairée et sérieuse de tous les hommes, qui ont cultivés leur sentiment moral" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §42, p132).
Ainsi il y a une différence entre deux appréciations distinctes sur deux sortes d'objets, qui selon le jugement du simple goût pourraient à peine se disputer la supériorité (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §42, p132).
Et c'est à ce point de vue que le beau plaît et prétend à l'assentiment de tous les autres et en ceci l'esprit est conscient d'être en quelque sorte ennobli et d'être élevé au-dessus de la simple aptitude à éprouver un plaisir par les impressions des sens et il estime la valeur des autres par une maxime semblable de sa faculté de juger. Ainsi la faculté de juger ne se voit pas dans le goût, comme dans le jugement empirique, soumise à une hétéronomie des lois de l'expérience: par rapport aux objets d'une satisfaction si pure elle donne elle-même la loi, comme la raison donne elle-même la loi par rapport à la faculté de désirer; et aussi bien en raison de cette possibilité interne dans le sujet, que de la possibilité externe d'une nature s'accordant avec celle-ci, elle se voir reliée à quelque chose dans le sujet lui-même et en dehors du sujet qui n'est ni nature ni liberté, mais qui est liée avec le fondement de cette dernière, c'est-à-dire le supra-sensible, en lequel la faculté théorique est liée en une unité avec la faculté pratique d'une manière semblable pour tous, mais inconnue. Analogie et différences entre le beau et le bien moral:
1. Le beau plaît immédiatement (mais seulement dans l'intuition réfléchissante, non dans le concept comme la moralité) ;
2. L e beau plaît en dehors de tout intérêt (sans doute le bien moral est nécessairement lié avec un intérêt résultant du jugement;
3. La liberté de l'imagination (donc de la sensibilité de notre faculté) est représentée dans l'acte de juger du beau comme s'accordant avec la légalité de l'entendement (dans le jugement moral la liberté de la volonté est pensée comme l'accord de cette faculté avec elle-même suivant les lois universelles de la raison) ;
4. Le principe subjectif du jugement sur le beau est représenté comme universel, c'est-à-dire valable pour chacun, sans être représenté comme connaissable par un concept universel (le principe objectif de la moralité est universel, c'est-à-dire valable pour tous les sujets, en même temps que pour toutes les actions du sujet). Aussi bien le jugement moral n'est pas seulement susceptible de principes déterminés constitutifs, mais encore c'est seulement par la fondation des maximes sur ceux-ci et leur universalité qu'il est possible.
Le goût rend pour ainsi dire possible, sans saut trop brusque, le passage de l'attrait sensible à l'intérêt moral habituel, puisqu'il représente l'imagination en sa liberté même comme déterminable d'une manière finale pour l'entendement et enseigne à trouver une libre satisfaction jusque dans les objets des sens sans attraits sensible (Critique de la faculté de juger, Section II, §59, p175-176). En ce sens le goût est au fond une faculté de juger la représentation sensible des Idées morales, et comme le plaisir, que le goût déclare valable pour l'humanité en général, et non seulement pour un sentiment personnel à chacun, est dérivé du goût et de la plus grande réceptivité pour le sentiment venant de ces Idées (qu'on appelle le sentiment moral), qui elle-même se fonde sur le goût, il apparaît clairement, que la véritable propédeutique pour fonder le goût est le développement des Idées morales et la culture du sentiment moral, puisque ce n'est que si l'on accorde la sensibilité avec celui-ci que le goût authentique peut prendre une forme déterminée et invariable (Critique de la faculté de juger, Section II, §60, p177).
Beauté (Shönheit): Elle ne présuppose aucun concept de ce que l'objet doit être; les beautés de cette espèce s'appellent les beautés (existant par elle mêmes) de telle ou telle chose. Dans l'appréciation d'une libre beauté (simplement suivant la forme) le jugement de goût est pur. On ne suppose pas le concept de quelque fin pour laquelle serviraient les divers éléments de l'objet donné et que celui-ci devrait ainsi représenter, de telle sorte que la liberté de l'imagination, qui joue en quelque sorte dans la contemplation de la figure, ne sauraient qu'être limitée (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §16, p71). De la beauté simplement adhérente: Elle suppose un concept de ce que l'objet doit être et la perfection de l'objet d'après ce concept, cette espèce de beauté, en tant que dépendant d'un concept (beauté conditionnée), est attribuée à des objets compris sous le concept d'une fin particulière. Ainsi, la beauté de l'homme (et dans cette espèce, celle de l'homme proprement dit, de la femme ou de l'enfant), la d'un cheval, d'un édifice (église, palais, arsenal, ou pavillon) suppose un concept d'une fin, qui détermine ce que la chose doit être et par conséquent un concept de sa perfection (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §16, p71). Cette distinction peut servir à écarter maint conflit sur la beauté entre les juges du goût, car on peut leur montrer que l'un considère la beauté libre, l'autre la beauté adhérente, et que le premier porte un jugement de goût, d'après ce qui se présente à ses sens et le second un jugement de goût appliqué, d'après ce qu'il a dans sa pensée (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §17, p72µ).
C'est bien plutôt une démonstration de telles propriétés que l'on pourrait appeler belle, parce que grâce à celle-ci l'entendement, comme faculté des concepts et l'imagination comme faculté de la présentation de ces propriétés, se sentent fortifiés a priori (ce qui joint à la précision qu'introduit la raison, est appelée l'élégance de la démonstration) ; en effet, bien que son principe se trouve dans des concepts, du moins ici la satisfaction est subjective, tandis que la perfection entraîne une satisfaction objective (Critique de la faculté de juger, Section I, Analytique, §62, p186). De la beauté de la nature considérée comme finalité objective de la nature en sa totalité: Elle peut être considérée ainsi en tant que système dont l'homme est membre; cela est possible lorsque le jugement téléologique de la nature d'après les fins naturelles, présentées par des êtres organisés, nous a autorisé à concevoir l'Idée d'un grand système des fins de la nature (Critique de la faculté de juger, Section I, Analytique, §67, p198). De la beauté de la nature en tant que faveur: Nous regardons la belle nature avec faveur puisque nous prenons un plaisir entièrement libre (désintéressé) à sa forme. En effet dans le simple jugement de goût on ne se préoccupe pas de savoir à quelles fin ces beautés de la nature existent, si c'est pour nous réjouir, ou bien si cela est sans aucun rapport à nous mêmes comme fins (Critique de la faculté de juger, Section I, Analytique, §67, np198). D'un point de vue téléologique: Nous prêtons attention à cette relation et nous pouvons regarder comme une faveur de la nature, qu'elle ait voulu favoriser la culture en établissant de si nombreuses belles formes (Critique de la faculté de juger, Section I, Analytique, §67, np198). En effet nous pouvons considérer comme une faveur que la nature a eue pour nous, le fait d'avoir répandu en plus avec une telle abondance sur ce qui est utile la beauté et le charme et que nous pouvons l'aimer pour cette raison, comme la considérer avec respect à cause de son immensité, et dans cette contemplation nous nous sentirons nous-mêmes ennoblis, comme si la nature avait établi et orné son magnifique théâtre précisément dans cette intention (Critique de la faculté de juger, Section I, Analytique, §67, p198).
Beauté naturelle : La beauté naturelle indépendante nous découvre une technique de la nature, qui la rend présentable comme un système d'après des lois dont nous ne rencontrons pas le principe dans notre entendement tout entier: ce principe est celui d'une finalité, en rapport à l'usage de la faculté de juger dans la considération des phénomènes, de telle sorte que ceux-ci peuvent être jugés non seulement en tant qu'appartenant à la nature dans son mécanisme sans finalité, mais aussi à la nature considérée par analogie avec l'art. Cette finalité élargit notre concept de la nature qui, de concept de la nature en tant que simple mécanisme, est étendu jusqu'au concept de la nature en tant qu'art, qui invite à de profondes recherches sur la possibilité d'une telle forme. Sans doute dans l'appréciation des objets de la nature, on a l'habitude de considérer aussi la finalité objective afin d'en juger la beauté, mais en ce cas le jugement n'est pas un jugement esthétique pur, c'est-à-dire un simple jugement de goût. La nature n'est plus alors jugée comme ayant l'apparence de l'art, mais dans la mesure même où elle est réellement de l'art (bien que surhumain) ; et le jugement téléologique sert de fondation et de condition au jugement esthétique, qui doit en tenir compte. Exemple: "Voici une belle femme", on pense en ce cas que ceci: dans sa forme la nature représente d'une belle manière les fins de la constitutions féminine, en effet on doit outre la simple forme s'appuyer sur un concept, afin que l'objet soit aussi pensé par un jugement logiquement conditionné (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §48, p142).
Beaux-arts: Les beaux-arts sont un mode de représentation qui est en lui-même final et qui contribue, bien que ce soit sans fin, à la culture des facultés de l'âme en vue de la communication dans la société. Or la communicabilité d'un plaisir contient déjà en son concept qu'il s'agit d'un plaisir de la réflexion, et ainsi l'art esthétique - ou les beaux-arts - est un art qui possède pour mesure la faculté de juger réfléchissante. Les arts d'agréments sont ceux dont la jouissance est le seul but, tels sont les attraits qui peuvent à table contenter une société. Ajoutons à cela tous les jeux, qui n'ont d'autre intérêt que de faire passer le temps sans qu'on s'en aperçoive (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §44, p136-137).
Bien que l'on doit prendre conscience que dans le produit des beaux-arts c'est là une production de l'art et non de la nature, et donc que dans la forme de ce produit, la finalité doit sembler aussi libre de toute contrainte par des règles arbitraires que s'il s'agissait d'un produit de la simple nature. C'est sur ce sentiment de la liberté dans le jeu de nos facultés de connaître, qui doit être en même temps final, que repose ce plaisir, qui est universellement communicable, sans se fonder cependant sur des concepts. La nature était belle lorsqu'en même temps elle avait l'apparence de l'art, et l'art ne peut être dit beau que lorsque nous sommes conscients qu'il s'agit d'art et que celui-ci nous apparaît cependant en tant que nature.
"Qu'il s'agisse de beauté naturelle ou de beauté artistique nous pouvons dire en général: est beau, ce qui plaît dans le simple jugement" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §45, p137).
Et cela ni dans la sensation des sens, ni par un concept, en effet s'il s'agissait d'une simple sensation (subjective) qui dût être accompagnée de plaisir, ce produit ne plairait dans le jugement que par la médiation du sentiment de sens. De même si le projet portait sur la production d'un objet déterminé, et s'il pouvait être réalisé par l'art, alors l'objet ne plairait que par les concepts. Dans les deux cas l'art ne plairait pas dans le simple jugement mais comme art mécanique. Les beaux-arts montrent leur supériorité précisément en ceci qu'ils donnent une belle description de choses, qui dans la nature seraient laides ou déplaisantes. Les furies, les maladies, les dévastations de la guerre, peuvent, en tant que choses nuisibles, être décrites de très belle façon et peuvent même être représentées par des peintures, une seule forme de laideur ne peut être représentée de manière naturelle sans anéantir toute satisfaction et par conséquent toute beauté artistique: c'est celle qui excite le dégoût. En effet comme en cette singulière sensation, qui provient de la pure imagination, l'objet est représenté comme s'il s'imposait à la jouissance, tandis que nous lui résistons avec force, la représentation artistique de l'objet n'est plus en notre sensation distincte de la nature même de l'objet et il est donc impossible qu'on la tienne pour belle. Aussi on peut dire de la belle représentation d'un objet que ce n'est en fait que la forme de la présentation d'un concept, grâce à laquelle celui-ci est communiqué universellement. Afin de donner cette forme au produit des beaux-arts, seul est nécessaire le goût, sur lequel l'artiste, après l'avoir exercé ou corrigé suivant de nombreux exemples de l'art ou de la nature, se guide pour réaliser son oeuvre trouvant la forme qui le satisfait: elle résulte d'une lente et même pénible amélioration, qui vise à la rendre conforme à la pensée, sans pour autant nuire à la liberté dans le jeu des facultés de l'âme.
"Le goût n'est qu'une faculté de juger et non une faculté productive et c'est pourquoi ce qui lui est conforme n'est pas encore une oeuvre d'art" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §48, p143).
La forme agréable qu'on donne à l'oeuvre n'est que le véhicule de la communication et il s'agit pour ainsi dire d'une manière de l'exposé, par rapport à laquelle on demeure libre dans une certaine mesure, même si par ailleurs elle est liée à une fin déterminée (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §48, p143). Il apparaît clairement, que la véritable propédeutique pour fonder le goût est le développement des Idées morales et la culture du sentiment moral, puisque ce n'est que si l'on accorde la sensibilité avec celui-ci que le goût authentique peut prendre une forme déterminée et invariable (Critique de la faculté de juger, Section II, §60, p177). Il n'existe donc que trois espèces de beaux-arts: l'art de la parole, l'art figuratif, et l'art du jeu des sensations (comme impression externes des sens). On pourrait aussi rendre cette division dichotomique, de telle sorte que l'art se divise en celui de l'expression des pensées et en celui de l'expression des intuitions et que ce dernier se divise à son tour selon sa forme et sa matière (de la sensation). Mais alors cette division paraîtrait trop abstraite et moins conforme aux concepts habituels (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §51, p149).
1. Les arts de la paroles sont l'éloquence et la poésie.
Belle forme: Ce sont parmi les nombreuses productions de la nature certaines d'entre elles qui, comme si elles étaient tout particulièrement établies pour notre faculté de juger, comprennent des formes spécifiques qui leur conviennent, et qui par leur diversité et leur unité servent pour ainsi dire à fortifier et à soutenir les forces de l'âme qui entrent en jeu dans l'usage de cette faculté (Introduction, §61, p181).
Bien (Gut): Le bien est l'objet de la volonté, c'est-à-dire de la faculté de désirer déterminée par la raison (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §4, p54).
Bien-absolu : Considéré subjectivement selon le sentiment qu'il inspire (l'objet du sentiment moral), en tant que déterminabilité des forces du sujet par la représentation d'une loi qui oblige absolument, se définit principalement par la modalité d'une nécessité reposant sur des concepts a priori , qui ne contient pas seulement la prétention à l'adhésion de tout un chacun mais aussi le commandement (Gebot) à celle-ci; il n'appartient donc pas à la faculté de juger esthétique, mais à la faculté de juger intellectuelle et pure, ce n'est donc pas un simple jugement réfléchissant, mais dans un jugement déterminant qu'il est attribué non à la nature, mais à la liberté. Cependant la déterminabilité du sujet par cette Idée, et d'un sujet tel qu'il peut éprouver en sa sensibilité un obstacle, en même temps que sa supériorité sur celle-ci en triomphant d'elle en modifiant son état, c'est-à-dire le sentiment moral, est toutefois apparenté à la faculté de juger esthétique et à ses conditions formelles, qu'elle peut servir à représenter la légalité de l'action faite par devoir comme esthétique aussi, c'est-à-dire sublime, ou même belle, sans en altérer la pureté; cela ne se ferait point si l'on voulait mettre cette action dans une liaison naturelle au sentiment de l'agréable (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p104).
Bon (Gut):
"Est bon ce qui, grâce à la raison, par le simple concept, plaît" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §4, p52).
C'est ce qui ne plaît qu'à titre de moyen (donc utile). Nous disons bon-en-soi ce qui plaît par lui-même. En l'un et l'autre cas il y a toujours le concept d'un but, par conséquent le rapport de la raison à un acte de volonté (tout au moins possible), et par suite une satisfaction concernant l'existence d'un objet ou d'une action, c'est-à-dire un certain intérêt. Pour trouver une chose bonne, il est toujours nécessaire que je sache ce que l'objet devrait être, c'est-à-dire que je possède un concept de cet objet. C'est là la différence entre le bon et le beau: le concept de l'objet n'est pas nécessaire pour que je découvre en lui de la beauté. Exemple: On dit d'un plat, qui excite le goût par des épices et d'autres ingrédients, qu'il est agréable et en même temps on avoue qu'il n'est pas bon: c'est qu'il convient immédiatement aux sens mais déplaît considérés médiatement, c'est-à-dire par la raison qui envisage les conséquences. De même si l'on définit le bonheur comme la plus grande somme d'agrément dans la vie: la raison le refuse car l'agrément n'est que jouissance. la conséquence de la relation du bon avec la faculté de désirer est une pure satisfaction pratique: celle-ci n'est pas seulement déterminée par la représentation de l'objet, mais encore par celle du lien qui attache le sujet à l'existence de l'objet: ce n'est pas seulement l'objet, mais aussi son existence qui plaît (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §5, p54).
Bonheur (Glückseligkeit): Le bonheur est la condition subjective sous laquelle l'homme (et suivant tous nos concepts tout être raisonnable fini) peut se poser, sous la loi morale, un but final (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §87, p256). Burke: "Recherches philosophiques sur l'origine de nos concepts du beau et du sublime": On peut comparer la présente exposition transcendantale des jugements esthétiques avec l'exposition physiologique qu'un Burke nous a apporté afin de voir à quoi peut conduire une simple exposition empirique du sublime et du beau:
"Le sentiment du sublime se fonde sur l'instinct de conservation et sur la peur, c'est-à-dire sur une douleur qui provoque des mouvements qui sont propres à susciter d'agréables sensations, non de la joie certes, mais une sorte de frisson agréable, un certain calme, qui se mêle à la terreur" (p223 ed. Riga)
Il ramène le beau qu'il fonde sur l'amour (il le distingue toutefois du désir), "au relâchement, à la détente, à l'amollissement des fibres du corps, par conséquent à un fléchissement, une désagrégation, un épuisement, un dépérissement, un alanguissement par plaisir" (p251-252). (Remarque générale sur l'exposition des jugements réfléchissants p113). |
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