Portrait d'Emmanuel Kant Introduction à la philosophie critique d'Emmanuel Kant
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Vocabulaire esthétique :

A :

Admiration (Bewunderung):

C'est l'étonnement qui ne cesse pas avec la disparition de la nouveauté (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p109).

 

L'admiration est un étonnement toujours renaissant, en dépit de la disparition de ce doute. L'admiration est donc un effet parfaitement naturel de cette finalité observée dans l'essence des choses (en tant que phénomènes), qui dans cette mesure ne doit pas être blâmé, puisque non seulement la possibilité d'unir cette forme de l'intuition sensible (qui se nomme l'espace) avec la faculté des concepts (l'entendement) est pour nous inexplicable dans le fait d'être telle et non autre, mais que de plus elle élargit l'âme, qui pressent pour ainsi dire par delà cette représentation sensible encore quelque chose, où peut se trouver, bien que nous l'ignorions, l'ultime fondement de cet accord. S'il ne s'agit que de la finalité formelle de nos représentations a priori il ne nous est aucunement nécessaire de connaître ce fondement, mais le simple fait de devoir regarder là-bas, nous inspire de l'admiration pour l'objet qui nous y oblige (Critique de la faculté de juger, Section I, Analytique, §62, p185-186).

Affection (Affektion) :

Elles se rapportent au sentiment et sont tumultueuses et irréfléchies, ainsi l'indignation comme colère est une affection et en ce sens dans l'affection la liberté est entravée (cf. passions) (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants np108).

Des différentes sortes d'affections: De l'affection du genre vigoureux:

Une affection du genre vigoureux est celui qui éveille la conscience de nos forces, de vaincre toute résistance, elle est esthétiquement sublime, par exemple la colère, ou même le désespoir (révolté et non découragé).

De l'affection du genre languissant:

C'est l'affection qui fait de l'effort pour résister un objet de déplaisir et n'a en soi rien de noble, mais peut toutefois être comptée comme beauté de type sensible.

De l'émotion à l'affection: Les émotions qui peuvent grandir jusqu'à l'affection sont aussi très diverses;

Des émotions fortes:

Des émotions tendres:

Lorsqu'elles grandissent jusqu'à devenir des affections, elles sont vaines et le penchant à de telles affections se nomme sensiblerie. Une douleur résultant de la sympathie, qui ne veut point de consolation ou à laquelle nous nous abandonnons volontairement, lorsqu'elle concerne un mal imaginaire, jusqu'à le croire réel par une illusion de l'imagination, prouve et forme une âme douce, mais aussi feindre un beau côté, et même plein d'imagination, mais qu'on ne saurait dire enthousiaste (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p109).

 

Agréable (Angenehm):

 

"Est agréable ce qui plaît aux sens dans la sensation" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §3, p51).

 

Le jugement sur un objet que je déclare agréable, exprime un intérêt pour celui-ci par le simple fait qu'il suscite par la sensation un désir pour les objets semblables, c'est pourquoi on ne dit pas seulement de ce qui est agréable: cela plaît, mais aussi cela fait plaisir. En ce sens l'agréable est ce qui représente l'objet que par rapport au sens et plaît immédiatement (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §3, p52).

 

"Je dis que ce que je nomme agréable produit effectivement en moi du plaisir" (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §18, p77).

 

En tant que mobile des désirs, il est toujours identique en son genre, quelle que soit son origine et si différente spécifiquement que puisse être la représentation (du sens et de la sensation considéré objectivement). aussi lorsqu'on considère son influence sur l'esprit, c'est uniquement la quantité des excitations (Reize) (simultanées et successives) qui importe et pour ainsi dire seulement la masse de la sensation agréable; et c'est là ce qui ne peut être compris que par la quantité.

 

"Ce qui est agréable ne cultive donc point, mais appartient à la simple jouissance" (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p104).

 

 

Ame:

Un état d'âme noble:

C'est l'absence même d'affections (apatheica, phlegma in significatu bono) d'une âme suivant avec énergies ses principes immuables et en ce sens elle est sublime et cela d'une façon supérieure à l'enthousiasme, parce qu'elle est la satisfaction de la raison pure. Ce terme est appliqué de manière dérivée aux choses, par exemple des édifices, un vêtement, une manière d'écrire, un certain maintien, etc. , lorsque celles-ci suscitent l'admiration (étonnement qui ne cesse pas avec la disparition de la nouveauté), et c'est là ce qui arrive quand des Idées dans leur présentation s'accordent sans intention et sans art en vue d'une satisfaction esthétique (Remarque générale sur l'exposition des jugements esthétiques réfléchissants p109).

La belle âme (schöne Seele) :

C'est lorsqu'un homme, qui possède assez de goût pour juger des produits des beaux-arts avec la plus grande exactitude et la plus grande finesse, abandonne volontiers la chambre, en laquelle se rencontrent ces beautés qui entretiennent la vanité ou tout au moins les joies d'ordre social, afin de se tourner vers le beau dans la nature et d'y trouver pour son esprit la volupté en une méditation qu'il ne saurait jamais complètement achever, nous devons considérer avec respect le choix qui est le sien et supposer en lui une belle âme, à laquelle ne peut prétendre aucun connaisseur de l'art, ni d'aucun amateur, en raison de l'intérêt qu'il porte à ses objets (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §42, p132).

 

 

Analogie (Analogie):

L'analogie (en un sens qualitatif) est l'identité du rapport entre les principes et les conséquence (causes et effets), dans la mesure où elle est effective, nonobstant la différence spécifique des choses ou de leur propriété en soi (c'est-à-dire considérés en dehors de ce rapport), qui contiennent le principe de conséquences semblables (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §90, np268).

Deux choses étant hétérogènes on peut assurément penser l'une d'entre elles par analogie avec l'autre, même au point de vue de leur hétérogénéité, mais on ne peut, partant de ce qui rend ces choses hétérogènes, conclure de l'une à l'autre par analogie, c'est-à-dire transférer de l'une à l'autre le signe lié à la différence spécifique.

Ainsi par analogie avec la loi de l'égalité de l'action et de la réaction, dans l'attraction et de la répulsion des corps entre eux je peux penser la société des membres d'un corps social d'après des règles de droit, mais je ne puis transférer ces déterminations spécifiques (l'attraction et la répulsion matérielles) à celle-ci, ni les attribuer aux citoyens pour constituer un systèmes, qu'on appelle Etat (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §90, p269).

Antinomie (Antinomie):

Dans la résolution d'une antinomie il importe seulement que deux propositions qui se contredisent en apparence, ne se contredisent pas en fait et puissent se maintenir l'une à côté de l'autre, même si l'explication de la possibilité de leur concept dépasse notre faculté de connaître (Critique de la faculté de juger, Section II, §57, p165).

Des trois sortes d'antinomies: Remarque générale:

Elles s'accordent toutes en ceci qu'elles contraignent la raison à abandonner la présupposition consistant à tenir les objets des sens pour les choses en soi elles-mêmes et à ne les considérer bien plutôt que comme des phénomènes, en leur soumettant un substrat intelligible (quelque chose de supra-sensible, dont le concept n'est qu'une Idée et qui ne permet aucune connaissance proprement dite).

Présentations des trois antinomies:

Il y a trois sortes d'antinomies correspondantes aux trois facultés de connaissance; l'entendement, la faculté de juger et la raison, dont chacune (comme faculté de connaître supérieure) doit avoir ses principes a priori:

 

1. une antinomie de la raison pour la faculté de connaître en ce qui concerne l'usage théorique de l'entendement jusqu'à l'inconditionné;

 

2. une antinomie de la raison pour le sentiment de peine et de plaisir concernant l'usage esthétique de la faculté de juger;

 

3. une antinomie de la faculté de désirer concernant l'usage pratique de la raison elle-même législatrice.

 

Dans la mesure où toutes ces facultés possèdent leur principe suprême a priori et doivent conformément à une exigence inéluctable de la raison juger aussi de manière inconditionnée et pouvoir déterminer leur objet d'après des principes d'une façon absolue (Critique de la faculté de juger, Section II, remarque II, p168).

Si l'on admet que notre déduction se trouve sur la bonne voie, trois Idées se présenteront:

 

1. L'Idée du supra-sensible en général, sans autre détermination, en tant que substrat de la nature;

 

2. l'Idée de ce même supra-sensible, comme principe de la finalité subjective de la nature pour notre faculté de connaître;

 

3. l'Idée de ce même supra-sensible comme principe des fins de la liberté et comme principe de l'accord de celles-ci avec la liberté dans le domaine moral (Critique de la faculté de juger, Section II, remarque II, p169).

 

Antinomie de la faculté de juger esthétique:

Des lieux communs du goût:

 

1. "A chacun son propre goût" se défendent ceux qui n'ont pas de goût.

 

Cela signifie que le principe de détermination de ce jugement est simplement subjectif (plaisir ou douleur) ; et le jugement n'a aucun droit à l'adhésion nécessaire d'autrui (Critique de la faculté de juger, Section II, §56, p163).

 

2. "On ne dispute pas du goût" prétendent ceux qui accordent au jugement de goût le droit de prononcer des jugements valables pour tous.

 

Cela signifie que le principe de détermination d'un jugement de goût pourrait assurément être objectif, mais on ne peut le ramener à des concepts déterminés; par conséquent on ne peut rien décider par preuves sur le jugement lui-même, bien qu'on puisse en discuter à bon droit. Ainsi discuter et disputer sont identiques en ce que par une résistance réciproque aux jugements on cherche à produire l'accord mais différents en ce que par une résistance réciproque aux jugements on cherche à produire l'accord et différents en ce que dans le cas où l'on dispute on espère obtenir cet accord d'après des concepts déterminés comme raisons démonstratives et qu'en conséquence on admet des concepts objectifs comme principes du jugement.

Remarque sur les principes:

Des principes de déterminations empiriques du goût:

Celui-ci juge toujours d'après des principes de déterminations empiriques, tels par conséquent qu'ils ne peuvent être donnés qu'a posteriori par les sens, ou bien on peut admettre qu'il juge selon un principe a priori.

Du point de vue empirique ou a posteriori:

Suivant ce principe l'objet de notre satisfaction ne se distinguerait pas de l'agréable;

Du point de vue rationaliste ou a priori:

Suivant ce principe il ne se distinguerait pas du bien, si le jugement reposait sur des concepts déterminés (Critique de la faculté de juger, Section II, §58, p169).

Mais ainsi on nierait l'existence de toute beauté dans le monde, c'est pourquoi on peut juger avec les principes a priori de la satisfaction, qui peuvent s'accorder avec les principe du rationalisme, bien qu'ils ne puissent être saisis dans des concepts déterminés.

Des principes de déterminations rationalistes du goût:

Le rationalisme du principe du goût est en revanche soit celui du réalisme de la finalité, soit celui de l'idéalisme de la finalité. Or comme un jugement de goût n'est pas un jugement de connaissance et que la beauté n'est la propriété de l'objet, considéré en soi, le rationalisme du principe du goût ne peut jamais consister en ce que la finalité soit pensé en ce jugement comme objective, c'est-à-dire que le jugement, théoriquement et par conséquent aussi logiquement (mais dans un acte de juger confus), porte sur la perfection de l'objet.

Pour le rationalisme le jugement doit porter esthétiquement seulement sur l'accord de la représentation dans l'imagination avec les principes essentiels de la faculté de juger dans le sujet.

Du point de vue du rationalisme en tant que réalisme de la finalité:

Dans le réalisme on considère cette finalité comme une fin de la nature (ou art) réelle (intentionnelle, qui est de s'accorder avec notre faculté de juger.

Ainsi les belles formations dans le règne de la nature organisée parlent en faveur du réalisme de la finalité esthétique de la nature, puisque l'on aimerait admettre que dans la production du beau une idée de celui-ci dans la cause productrice, c'est-à-dire une fin au profit de notre imagination, a été mise au principe.

Mais la raison réfute cette thèse pour deux raisons; d'après sa maxime elle évite le plus possible l'inutile multiplication des principes, de plus la nature montre partout une tendance mécanique à la production de formes dans toutes ses libres productions. Cette libre formation de la nature est celle par laquelle à partir d'un fluide en repos, soit par volatilisation, soit par séparation d'une partie de celui-ci (parfois le calorique seulement), le reste en se solidifiant prend une figure ou une texture suivant la différence spécifique des matières et qui est exactement la même si elles sont identiques (ex: les différentes phases de la transformation d'un liquide) (Critique de la faculté de juger, Section II, §58, p170-171).

De plus dans un tel jugement il ne s'agit pas de ce qu'est la nature ou de ce qu'elle est pour nous en tant que fin, mais de la manière dont nous la saisissons. Dire que la nature a élaboré ses formes pour notre satisfaction, ce serait encore affirmer une finalité subjective reposant sur le jeu de l'imagination en sa liberté; dans ce dernier cas c'est nous qui accueillons la nature avec faveur, tandis qu'elle ne nous fait aucune faveur, s'il en était autrement le jugement aurait pour principe l'hétéronomie et n'aurait pas son à fondement, comme il convient à un jugement de goût, le fait d'être libre et l'autonomie (Critique de la faculté de juger, Section II, §58, p172-173).

Du point de vue rationaliste en tant qu'idéalisme de la finalité:

Dans l'idéalisme on considère cette finalité comme une fin de la nature comme un accord se présentant de lui-même, sans fin et par hasard, mais de caractère final pour les besoins de la faculté de juger concernant la nature et ses formes produites suivant des lois particulières.

Ce qui prouve immédiatement que le principe de l'idéalité de la finalité du beau dans la nature est le principe que nous mettons toujours au fondement dans le jugement esthétique lui-même et qui ne nous autorise pas à faire usage de la réalité d'une fin de la nature pour notre faculté de représentation comme principe d'explication, c'est que dans l'acte de juger, si quelque chose est beau ou ne l'est pas, c'est la faculté esthétique de juger qui est elle-même législatrice, alors que cela ne se pourrait faire si l'on admettait le réalisme de la finalité de la nature, en effet nous devrions apprendre de la nature ce que nous devrions trouver beau, et le jugement de goût serait soumis à des principes empiriques.

Mais le principe de l'idéalisme de la finalité est encore plus visible dans les beaux-arts. L'art a ceci de commun avec la belle nature qu'on ne saurait admettre à son sujet un réalisme esthétique résultant des sensations (car il s'agirait d'art agréables et non de beaux-arts) et par conséquent la satisfaction par des Idées esthétiques doit dépendre de l'idéalité des fins et non la réalité de celles-ci qui doit être au fondement dans le rationalisme du principe lui-même, c'est là ce qui se comprend par le fait que les beaux-arts ne doivent pas être considérés comme un produit de l'entendement ou de la science, mais du génie et qu'ainsi c'est par des Idées esthétiques, qui sont essentiellement différentes des Idées rationnelles de fins déterminées, qu'ils reçoivent leur règle.

 

"L'idéalisme de la finalité dans l'acte de juger le beau de la nature et de l'art est l'unique présupposition, sous laquelle la Critique peut expliquer la possibilité d'un jugement de goût, qui exige d'être a priori valable pour tous" (Critique de la faculté de juger, Section II, §58, p173).

 


De la première formulation de l'antinomie du goût relativement au principe du goût:

 

1. Thèse. Le jugement de goût ne se fonde pas sur des concepts; car autrement on pourrait disputer à ce juger (décider par des preuves).

 

2. Antithèse. Le jugement de goût se fonde sur des concepts, car autrement on ne pourrait même pas, en dépit des différences qu'il présente, discuter à ce sujet (prétendre à l'assentiment nécessaire d'autrui à ce jugement) (Critique de la faculté de juger, Section II, §56, p163).

 

Solution de l'antinomie du goût:

Pour résoudre ce conflit il faut montrer que le concept auquel on rapporte l'objet dans ce type de jugement n'est pas pris dans le même sens dans les deux maximes de la faculté de juger esthétique.

 

1. Le jugement de goût doit se ramener à quelque concept.

 

S'il en était autrement il ne pourrait absolument pas prétendre à une valeur nécessaire pour chacun. Mais il ne doit pas, pour cette raison précisément, être démontrable à partir d'un concept, parce qu'un concept peut être ou déterminable, comme le concept de l'entendement par les prédicats de l'intuition sensible, ou indéterminé en soi et en même temps indéterminable, comme le concept rationnel transcendantal du supra-sensible qui se trouve au fondement de toute cette intuition et qui ne peut être déterminé théoriquement.

En ce sens le jugement de goût porte sur des objets des sens en tant que représentation intuitive singulière rapportée au sentiment de plaisir et il un jugement personnel en tant qu'il est borné quand à sa valeur au seul individu qui juge:

 

"Pour moi l'objet est un objet de satisfaction, pour d'autres les choses peuvent être toutes différentes - à chacun son propre goût" (Critique de la faculté de juger, Section II, §57, p164).

 

De l'élargissement de la représentation de l'objet dans le jugement de goût:

C'est sur l'élargissement de la représentation de l'objet et du sujet que nous fondons l'extension de ce jugement comme nécessaires pour tous et c'est sur ce fondement que doit se trouver un concept qui ne peut être déterminé par une intuition qui ne fait rien connaître et qui par conséquent ne permet de présenter aucune preuve pour le jugement de goût.

En ce sens c'est le simple concept pur rationnel du supra-sensible qui est au fondement de l'objet et aussi du sujet jugeant autrement on ne pourrait sauver la prétention du jugement de goût à une valeur universelle, en effet si il se fondait sur un concept confus de l'entendement, comme celui de la perfection, il serait possible de fonder le jugement de goût sur des preuves, ce qui contredirait la thèse.

Première résolution:

 

"Le jugement de goût se fonde sur un concept (un principe général de la finalité subjective de la nature pour la faculté de juger), au moyen duquel rien ne peut être connu ou prouvé par l'apport de l'objet, parce qu'il est en soi indéterminable et impropre à la connaissance" (Critique de la faculté de juger, Section II, §57, p164).

 

En ce sens le jugement reçoit de par ce concept de la valeur pour tous, parce que le principe déterminant du jugement se trouve peut-être dans le concept de ce qui peut être considéré comme le substrat supra-sensible de l'humanité.

Nous donnons en effet au concept, sur lequel la valeur universelle d'un jugement doit se fonder, une signification identique dans les deux jugements qui se contredisent et cependant nous lui attribuons deux prédicats opposés, il nous faut donc reformuler l'antinomie:

 

1. Thèse. le jugement de goût ne se fonde pas sur des concepts déterminés;

 

2. Antithèse. le jugement de goût se fonde sur un concept indéterminé (c'est-à-dire sur le concept d'un substrat supra-sensible des phénomènes).

 

Ainsi il n'y aurait plus entre elles aucune contradiction. On peut donc dire qu'il est absolument impossible de donner un principe du goût déterminé et objectif, d'après lequel les jugements de celui-ci pourraient être guidés, examinés et prouvés; car il ne s'agirait plus alors d'un jugement de goût. Le principe subjectif, c'est-à-dire l'Idée indéterminée du supra-sensible en nous, peut seulement nous être indiqué comme l'unique clé de la solution de l'énigme de cette faculté, qui nous est cachée à nous-mêmes en ses sources et qui ne peut être rendue plus intelligible d'aucune manière.

On voit ainsi que la solution de l'antinomie de la faculté de juger suit une démarche comparable à celle suivie par la Critique dans la résolution des antinomies de la raison pure théorique, et l'on voit aussi qu'ici et dans la "Critique de la raison pratique" les antinomies nous obligent, quoi que nous en ayons, à élever nos regards au-delà du sensible le trait d'union de toutes nos facultés a priori ; il ne reste en effet aucune autre issue afin de mettre la raison en accord avec elle-même (Critique de la faculté de juger, Section II, §57, p165).

 

Art (Kunst):

Présentation des attraits dans la belle nature : Les attraits de la belle nature, confondus fréquemment avec la belle forme, appartiennent soit aux modifications de la lumières (dans la coloration) ou du son (dans les tons).

En ce sens ce sont les seules sensations qui permettent autant un sentiment sensible qu'une réflexion sur la forme de ces modifications des sens et qui comprennent en quelque sorte une langue, qui approche la nature en nous et qui paraît posséder une signification plus haute.

De la couleur:

La couleur blanche du lis semble disposer l'esprit aux idées de l'innocence et en suivant l'ordre des sept couleurs, du rouge jusqu'au violet: 1. à l'idée de sublimité, 2 du courage, 3. de la franchise, 4. de la douceur, 5. de la modestie, 6. de la fermeté et 7. de la tendresse.

Du moins est-ce ainsi que nous interprétons la nature, que telle ou non soit son intention.

Afin que nous puissions prendre au beau comme tel un intérêt immédiat il faut que ce soit la nature ou ce que nous prenons pour elle (qui nous inspire) (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §42, p134).

 

Art en général:

Production artistique et production naturelle:

 

1. L'art est distingué de la nature, comme le (facere) l'est de l' " agir " ou " causer " en général (agere) et le produit ou la conséquence de l'art se distingue en tant qu'oeuvre (opus) du produit de la nature en tant qu'effet (effectus) (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §43, p134).

En droit on devrait appeler art que la production par la liberté, c'est-à-dire par un libre-arbitre, qui met la raison au fondement de ses actions et c'est pourquoi on nomme simplement une chose une oeuvre d'art, pour la distinguer d'un effet naturel lorsque c'est une oeuvre de l'homme (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §43, p135).

 

De l'art et de la science:

 

2. L'art, comme habileté de l'homme, est aussi distinct de la science (comme pouvoir l'est de savoir), que la faculté pratique est distincte de la faculté théorique, la technique de la théorie. Et de même ce que l'on peut, dés qu'on sait seulement ce qui doit être fait, et que l'on connaît suffisamment l'effet recherché, ne s'appelle pas de l'art. Seul ce que l'on ne possède pas l'habileté de faire, même si on le connaît de la manière la plus parfaite, relève de l'art , ainsi l'homme du commun dira du problème de l'oeuf de Christophe Colomb que c'est de l'ordre de la science, de même que tous les prétendu arts de l'illusionniste, en revanche il ne répugnera pas à nommer art l'adresse du danseur de corde (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §43, p135 et note).

 

De la différence entre les arts et les métiers

 

3. L'art est également distinct du métier; l'art est dit libéral (freie), le métier est dit mercenaire.

L'art:

On considère l'art comme s'il ne pouvait obtenir de la finalité (réussir) qu'entant que jeu.

Le métier:

On le considère comme un travail, c'est-à-dire comme une activité, qui est en elle-même désagréable (pénible) et qui n'est attirante que par son effet (par exemple le salaire) et qui par conséquent peut être imposée de manière contraignante (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §43, p135).

 

De l'art en général:

"L'art a toujours l'intention de produire quelque chose" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §45, p137).

 

Tout art suppose des règles sur le fondement desquelles un produit est tout d'abord représenté comme possible, si on doit l'appeler un produit artistique (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §46, p138).

 

Des différentes manifestations de l'art:

Il existe deux façons (modus) d'agencer l'exposé de ses pensées, dont l'une s'appelle une manière (modus aestheticus) et l'autre une méthode (modus logicus).

Elles diffèrent en ceci que la première n'a d'autre mesure que le sentiment de l'unité dans la présentation, ce qui est valable pour les beaux-arts, tandis que la seconde obéit à des principes déterminés.

On dit d'une oeuvre d'art qu'elle est maniérée, uniquement lorsque l'exposé de son Idée ne vise qu'à la singularité et n'est construit d'une façon qui convient à l'Idée (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §49, p148).

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