R
:
Raison
(Vernunft):
La raison est la faculté d'agir
selon des fins (la volonté) (Critique de la faculté de juger,
Section I, Analytique, §64, p189).
La raison, dans la contemplation
théorique de la nature, doit admettre l'Idée d'une nécessité
inconditionnée de son fondement originaire autant qu'elle présuppose,
au point de vue pratique, sa propre causalité inconditionnée
(par rapport à la nature), c'est-à-dire la liberté,
puisqu'elle est consciente de son commandement moral (Critique de la faculté
de juger, Section II, Dialectique, §76, p217).
Devoir
et contingence de l'action:
Comme la nécessité objective
de l'action est opposée à celle qu'elle aurait si son fondement
se trouvait dans la nature et comme l'action moralement-absolument-nécessaire
est considérée comme entièrement contingente , il
est clair que si les lois morales doivent être représentées
comme des commandement et que si la raison n'exprime pas cette nécessité
par un être, mais comme devoir-être cela provient uniquement
de la constitution subjective de notre faculté pratique: il n'en
serait pas ainsi si la raison était considérée suivant
sa causalité sans la sensibilité, par conséquent en
tant que cause dans un monde intelligible s'accordant absolument avec la
loi morale, et où il n'y aurait pas de différence entre devoir
et faire, entre une loi pratique définissant ce qui est possible
par nous et une loi théorique définissant ce qui est réel
par nous (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique,
§76, p218).
De
la raison en son usage pratique:
La raison pure est une faculté
pratique, c'est-à-dire une faculté de déterminer le
libre usage de notre causalité par des Idées (purs concepts
de la raison). Elle contient non seulement dans la loi morale un principe
régulateur de nos actions, mais nous fournit aussi un principe subjectivement
constitutif d'un objet que la raison peut seulement penser et qui doit
être réalisé par nos actions dans le monde d'après
cette loi (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique,
§88, p259).
Réel
:
Il signifie l'acte de position de
la chose en soi même (en dehors de ce concept) (Critique de la faculté
de juger, Section II, Dialectique, §76, p216).
Religion
(Religion):
C'est la morale en relation avec
Dieu comme législateur (Critique de la faculté de juger,
Section II, Dialectique, §89, p265).
C'est la connaissance de nos devoirs
comme des ordres divins (Critique de la faculté de juger, Section
II, Dialectique, §91, p282).
Le
sublime dans le religieux:
Dans la religion en général
il semble que se prosterner, adorer la tête inclinée, avec
des gestes et une voix remplis de crainte et d'angoisse soit le seule attitude
qui convienne en présence de la divinité, et la plupart des
peuples ont bien adopté cette attitude et l'observent encore. Mais
cette disposition d'esprit est bien loin d'être en soi liée
et nécessaire à l'Idée du sublime d'une religion et
de son objet. En effet c'est lorsqu'il a conscience que ses intentions
sont droites et agréables à Dieu, que les manifestations
de cette force, éveillent en lui l'Idée de la nature sublime
de cet être, dans la mesure où il reconnaît en lui-même
dans son intention quelque chose de sublime qui est conforme à la
volonté de celui-ci, et ainsi élevé au-dessus de la
peur, suscitée par de telles manifestations de la nature, en lesquelles
il ne voit plus le déchaînement de la colère divine
et ainsi il peut parvenir à un état d'esprit pour admirer
la grandeur divine qui exige une disposition à la calme contemplation
et un jugement entièrement libre (Critique de la faculté
de juger, Section I, livre II, §28, p101) (cf. humilité).
De
la distinction entre la superstition et la religion:
La religion se distingue de la superstition
par le fait que quand la religion fonde dans l'esprit la crainte respectueuse
pour ce qui est sublime, la superstition fonde seulement la peur et l'angoisse
devant l'Etre tout puissant, l'homme terrifié se voit soumis, sans
pourtant l'honorer, il ne peut en résulter que la recherche de la
faveur et de la flatterie, au lieu d'une religion d'une vie suivant le
bon chemin (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II,
§28, p102).
Imitation
et succession:
Dans la religion, où chacun doit
prendre en lui-même la règle de sa conduite, puisqu'il demeure
lui-même responsable de cela et ne peut imputer à d'autres,
en tant que maîtres ou précurseurs, la faute de ses péchés,
on ne fera jamais avec des préceptes généraux, que
l'on peut avoir reçu de prêtres ou de philosophes, ou bien
encore avoir pris en soi-même, ce que peut un exemple de vertu ou
de sainteté, qui, fixé dans l'histoire ne rend pas inutile
l'autonomie de la vertu à partir de l'Idée propre et originaire
de la moralité (a priori) ni ne la transforme en un mécanisme
d'imitation. Succession, se rapportant à un précédent,
et non imitation, telle est la juste expression pour l'influence que les
productions d’un créateur exemplaire peuvent avoir sur les autres;
et cela signifie seulement : puiser aux sources même où il
puisait et emprunter seulement à son prédécesseur
la manière de procéder (Critique de la faculté de
juger, Section I, livre II, §32, p118-119).
Représentation
(Vorstellung):
Du
sentiment de peine et de plaisir dans la représentation:
D'un
point de vue interne:
Toutes les représentations
en nous, qu'elles soient objectivement simplement sensible ou entièrement
intellectuelles, peuvent toutefois subjectivement être liées
au plaisir ou à la douleur, si imperceptibles qu'ils soient l'un
et l'autre (les représentations affectent toutes en effet le sentiment
vital et il n'en est aucune qui, en tant que modification du sujet, puisse
être indifférente), il est même incontestable, comme
le soutenait Epicure, qu'en définitive, le plaisir et la douleur
sont toujours corporels, qu'ils débutent par l'imagination ou même
par des représentations de l'entendement, parce que la vie sans
le sentiment du corps n'est que conscience de son existence, et non sentiment
du bien-être ou de son contraire, c'est-à-dire de la stimulation
ou de l'arrêt des forces vitales; c'est que l'esprit est en soi-même
uniquement vie (c'est le principe vital) si bien qu'il faut chercher les
obstacles et les secours en dehors de l'esprit, dans l'homme lui-même,
par conséquent dans l'union de l’âme et du corps. (Remarque
générale sur l'exposition des jugements réfléchissants
p113).
D'un
point de vue externe:
Si l'on place la satisfaction prise
à un objet toute entière en ceci, que cet objet, ou par son
attrait ou par l'émotion qu'il suscite, soit source de contentement,
il ne faut pas attendre de quelqu'un d'autre qu'il adhère au jugement
esthétique que nous portons, car là-dessus c'est a bon droit
que chacun ne consulte que son sens particulier. Aussi bien toute censure
du goût disparaît complètement; il faudrait alors faire
de l'exemple, que donnent d'autres sujets par l'accord contingent de leur
jugement, un commandement (Gebot) de notre approbation, mais il est à
présumer que nous nous dresserions contre ce principe et que nous
réclamerions du droit naturel de soumettre à son propre sens
en non à celui d'autrui le jugement, qui repose sur le sentiment
du bien-être personnel.
Si donc le jugement de goût
ne doit pas valoir égoïstement, mais d'après sa nature
interne, c'est-à-dire pour lui-même, et non en raison des
exemples, que d'autres peuvent donner de leur goût, et par conséquent
valoir nécessairement d'une manière plurale, si on le considère
comme digne de pouvoir exiger en même temps que tout un chacun doive
y donner son assentiment: alors il doit y avoir à son fondement
un principe a priori quelconque (que celui-ci soit objectif ou subjectif)
que l'on obtiendra jamais par la découverte des lois empiriques
des modifications de l'esprit; c'est que ces dernières ne font que
connaître la manière dont on il faut juger, et cela de telle
sorte que le commandement soit inconditionné, or c'est là
ce que supposent les jugements de goût puisqu'ils veulent lier immédiatement
la satisfaction avec une représentation. C'est pourquoi l'exposition
empirique des jugements esthétiques peut toujours être donnée
en premier, pour présenter la matière d'une recherche supérieure,
une étude transcendantale de cette faculté est toutefois
possible et appartient par essence à la Critique du goût.
En effet si le goût ne possédait pas des principes a priori,
il lui serait impossible de diriger les jugements d'autrui et de prononcer
avec une apparence de raison des sentences qui les approuvent ou les rejettent
(Remarque générale sur l'exposition des jugements réfléchissants
p114).
Du
rapport objectif des représentations:
Le rapport des représentations
est objectif lorsque le rapport est réel dans une représentation
empirique (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I,
§1, p49).
Du
rapport subjectif des représentations:
Le rapport des représentations
est subjectif lorsque le rapport est lié au sentiment de peine et
de plaisir qui ne désigne rien dans l'objet et en lequel le sujet
sent comment il est affecté par la représentation (Critique
de la faculté de juger, Section I, Livre I, §1, p49).
On peut dire de toute représentation
qu'il est au moins possible qu'elle soit (en tant que connaissance) liée
à un plaisir (Critique de la faculté de juger, Section I,
Livre I, §18, p77).
Du
moment formel dans la représentation d'une chose:
C'est l'accord de la diversité
suivant une unité sans que soit déterminé ce que celle-ci
doit être (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre
I, §15, p69).
Respect
(Achtung):
"Le sentiment de l'impuissance
de notre faculté à atteindre une Idée, qui pour nous
est loi, est RESPECT". (Critique de la faculté de juger, Section
I, Livre II, §27, p96).
Or l'Idée de la compréhension
de tout phénomène, susceptible de nous être donné
dans l'intuition d'un tout, est une Idée qui nous imposée
par une loi de la raison, qui ne connaît aucune autre mesure déterminée,
valable pour tous et immuable que le tout absolu.
De
l'imagination:
Notre imagination, même en sa
suprême tension, pour parvenir à la compréhension d'un
objet donné dans un tout de l'intuition (par conséquent à
la présentation d'une Idée de la raison), comme il est exigé
d'elle, prouve ses bornes et son impuissance, mais en même temps
aussi sa destination qui est la réalisation de son accord avec cette
Idée comme avec une loi. Ainsi le sentiment du sublime dans la nature
est le respect pour notre propre destination, que par une certaine subreption
(substitution du respect pour l'objet au respect pour l'Idée de
l'humanité en nous comme sujet) nous témoignons à
l'objet, qui nous rend pour ainsi dire intuitionnable la supériorité
de la destination rationnelle de notre faculté de connaître
sur le pouvoir le plus grand de la sensibilité.
De
la loi de la raison:
C'est pour nous une loi de la raison
(et qui est propre à notre destination) que tout ce que la nature
comme objet des sens contient pour nous de grand est estimé comme
petit en comparaison avec les Idées de la raison, et que ce qui
suscite en nous le sentiment de cette destination supra-sensible est estimé
comme s'accordant avec cette loi. Ainsi la perception de l'insuffisance
de toute mesure sensible au point de vue de l'évaluation de la grandeur
par la raison, est un accord avec les lois de celle-ci et une peine, qui,
éveillant en nous le sentiment de notre destination supra-sensible,
selon laquelle il est final de trouver toute mesure de la sensibilité
insuffisante pour les Idées de la raison, est par conséquent
aussi plaisir (Critique de la faculté de juger, Section I, livre
II, §27, p96).
Ainsi l'effort, visant à retenir
dans une unique intuition une mesure pour les grandeurs, dont l'appréhension
suppose un temps considérable, est un genre de représentation,
qui subjectivement considéré est opposé à la
finalité, mais qui est requis objectivement pour l'évaluation
de la grandeur et qui par conséquent est final; en ceci cette même
violence, qui est faite au sujet par l'imagination, est considérée
comme finale pour la destination de l'esprit tout entière (Critique
de la faculté de juger, Section I, livre II, §27, p97).
Rire
(Lachen):
"Le rire est une affection résultant
de l'anéantissement soudain d'une attente extrême" (Critique
de la faculté de juger, Section I, livre II, §54, p159).
Il faut qu'il y ait quelque chose
d'absurde en tout ce qui doit provoquer un rire vivant et éclatant.
Cette transformation, qui assurément n'est pas réjouissante
pour l'entendement, réjouit cependant d'une manière très
vive mais indirectement pendant un instant. La cause doit donc résider
dans l'influence de la sensation sur le corps et dans sa relation d'action
réciproque avec l'âme, non que la représentation soit
un objet de plaisir, mais uniquement parce qu'elle produit en tant que
simple jeu des représentations un équilibre des forces vitales
dans le corps (Critique de la faculté de juger, Section I, livre
II, §54, p159).