I :

Idéal (Ideal):

C'est la représentation d'un être unique en tant qu'adéquat à une Idée (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §17, p73).

 

Idée (Idee):

Elle signifie proprement concept de la raison (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §17, p73).

 

Dans le sens le plus général du terme les Idées sont des représentations qui se rapportent à un objet d'après un certain principe (subjectif ou objectif), en tant qu'elles ne peuvent cependant jamais devenir une connaissance de celui-ci.

On suppose que les Idées ne sont pas sans fondement mais elles peuvent être produites conformément à certains principes des facultés de connaître auxquelles elles appartiennent, pour les Idées esthétiques suivant les principes subjectifs, et pour les Idées rationnelles suivant les principes objectifs et c'est pourquoi toutes doivent posséder leurs principes dans la raison, mais chacune dans son usage propre (Critique de la faculté de juger, Section II, remarque I, p166).

 

Les Idées sont des prédicats objectifs auxquels aucun objet, qui leur soit conforme, ne peut être donné dans l'expérience et qui ainsi ne peuvent servir que comme principe régulateur (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §77, p219). Les Idées sont des concepts dont on ne peut assurer théoriquement la réalité objective (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §91, p273).

Division des Idées: L'idée normale (Normalidee) :

C'est l'intuition singulière (de l'imagination), qui représente la mesure-type du jugement sur l'homme comme être appartenant à une espèce animale particulière. L'Idée normale doit dégager de l'expérience les éléments propres à la forme d'un animal d'une espèce particulière; mais la plus haute finalité dans la construction de la forme, qui serait susceptible de servir d'étalon universel pour la considération esthétique de chaque individu de cette espèce, le type (Bild) qui a été en quelque sorte mis au fondement par la technique de la nature et auquel seule l'espèce en son ensemble est adéquate, et non tel ou tel individu particulier, c'est là ce qui ne se trouve que dans l'Idée de celui qui juge, mais qui peut être représenté cependant en tant qu'Idée esthétique, avec ses proportions, parfaitement in concreto dans une image modèle. Cette Idée-normale n'est pas dérivée de proportions dégagées de l'expérience en tant que règles déterminée, mais au contraire c'est elle qui rend tout d'abord possibles les règles du jugement. C'est pour toute l'espèce l'image qui flotte entre les intuitions singulières des individus qui diffèrent de beaucoup de manières; la nature l'a choisie comme prototype de ses productions dans une même espèce, mais ne semble pas l'avoir réalisé complètement dans un individu. Cette image n'est pas le prototype achevé de la beauté dans cette espèce, ce n'est que la forme, qui constitue l'indispensable condition de toute beauté et par conséquent seulement l'exactitude dans la présentation de l'espèce (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §17, p74-76).

L'Idée de la raison:

Elle fait des fins de l'humanité, dans la mesure où elles ne peuvent être représentées sensiblement, le principe du jugement de sa forme, par laquelle celles-ci se révèlent comme par leur effet dans le phénomène (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §17, p74).

 

Idée esthétique ou représentation inexponible de l'imagination: C'est lorsqu'une Idée se rapporte à une intuition d'après un principe simplement subjectif de l'accord des facultés de connaître entre elles (de l'imagination et de l'entendement). Une Idée esthétique ne peut jamais devenir une connaissance, parce qu'elle est une intuition (de l'imagination) pour laquelle on ne peut jamais trouver un concept adéquat (Critique de la faculté de juger, Section II, remarque I, p166).

On peut nommer l'Idée esthétique une représentation inexponible de l'imagination (dans son libre jeu) puisque ramener une représentation de l'imagination à des concepts s'appelle l'exposer.

Idée rationnelles ou concept indémontrable de la raison: C'est lorsqu'une Idées se rapporte à un concept d'après un principe objectif, sans jamais pouvoir donner une connaissance de l'objet, en ce cas le concept est un concept transcendant. Une Idées rationnelle ne peut jamais devenir une connaissance, parce qu'elle contient un concept (du supra-sensible), auquel on ne peut jamais donner une intuition qui lui convienne (Critique de la faculté de juger, Section II, remarque I, p166) (cf. liberté). Des Idées de la raison comme principe régulateur valide d'une manière universelle à tous les sujets de cette espèce: Les Idées sont des principes régulateurs valide de manière universelle sous la condition que, d'après la nature de notre faculté de connaître humaine, ou même en général d'après le concept que nous pouvons nous faire de la faculté de connaître d'un être raisonnable fini en général, on ne puisse et on ne doive penser autrement, sans toutefois affirmer que le fondement d'un tel jugement se trouve dans l'objet (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §76, p216). Les Idées de la raison ou intellectuelle: Une Idée de la raison est un concept auquel aucune intuition (représentation de l'imagination) ne peut être adéquate (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §49, p144).

 

Idolâtrie (Abgötterei, Idolatrie):

C'est une illusion superstitieuse en laquelle on imagine pouvoir se rendre agréable à l'être suprême par d'autre moyen qu'une disposition morale) (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §89, p264).

De idolâtrie au sens pratique: C'est la religion qui conçoit l'être suprême avec des attributs tels qu'il faudrait autre chose que la moralité comme condition suffisante pour que l'homme puisse vivre conformément à la volonté divine. Car si pur et si dégagé d'images sensibles qu'on ait théoriquement saisi ce concept, on se le représente toutefois au point de vue pratique comme une idole, c'est-à-dire anthropomorphiquement en ce qui concerne la nature de sa volonté (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §89, p264).

 

Imagination (Einbildung, Einbildungskraft):

C'est la faculté de présentation (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §17, p73).

Les deux opération de l'imagination sont: l'appréhension (apprehensio) et la compréhension (comprehensio aesthetica) (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §26, p91).

Imagination et sublime: Le sentiment du sublime est un sentiment de peine, suscité par l'insuffisance de l'imagination dans l'évaluation esthétique de la grandeur pour l'évaluation par la raison (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §27, p96). Imagination et transcendant: Le transcendant est pour l'imagination (qui s'y trouve poussée dans l'appréhension de l'intuition), en quelque sorte un abîme en lequel elle a peur de se perdre elle-même (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §27, p97). Du jeu de l'imagination: De l'accord de l'imagination avec l'entendement:

Imagination et entendement par leur union dans le jugement sur le beau produit une finalité subjective.

De l'accord de l'imagination avec la raison:

Imagination et raison par leur conflit produisent une finalité subjective, c'est-à-dire le sentiment que nous possédons une raison pure, indépendante, ou une faculté d'évaluation des grandeurs, dont l'éminence ne saurait être rendue sensible par rien, hormis la défiance de la faculté même, qui est sans limites, dans la présentation des grandeurs (des objets sensibles) (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §27, p97).

De l'imagination comme faculté de connaissance productive ou créatrice: Elle est très puissante pour créer une autre nature pour ainsi dire à partir de la matière que la nature réelle lui donne; en ceci nous sentons notre liberté par rapport à la loi de l'association (qui dépend de l'usage empirique de cette faculté), de telle sorte que nous empruntons suivant cette loi à la nature la matière dont nous avons besoin, mais que celle-ci peut être travaillée par nous en quelque chose qui dépasse la nature.

 

"On peut nommer Idées de telles représentations de l'imagination; d'une part parce qu'elles tendent pour le moins à quelque chose qui se trouve au-delà des limites de l'expérience et cherchent ainsi à s'approcher d'une présentation des concepts de la raison (les Idées intellectuelles), ce qui leur donne l'apparence d'une réalité objective; d'autre part et sans doute essentiellement parce que comme intuitions internes aucun concept ne peut leur être pleinement adéquat" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §49, p144) (cf. esthétique/Idées esthétiques).

 

Lorsqu'on place sous un concept une représentation de l'imagination, qui appartient à sa représentation, mais qui donne par elles-mêmes bien plus à penser que ce qui peut être compris dans un concept déterminé, et qui par conséquent élargit le concept lui-même esthétiquement d'une manière illimitée, l'imagination est alors créatrice et elle met en mouvement la faculté des Idées intellectuelles (la raison) afin de penser à l'occasion d'une représentation bien plus que ce qui peut être saisi en elle et clairement conçu (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §49, p144).

De l'usage de l'imagination en vue de la connaissance: Dans l'usage de l'imagination en vue de la connaissance, l'imagination est soumise à la contrainte de l'entendement et à la limitation, qui consiste pour elle à être accordée aux concepts de l'entendement (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §49, p146).

 

Imagination et divers sensible: C'est de l'imagination que dépend la composition du divers de l'intuition (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §9, p61). Le travail de l'imagination: Il convient d'observer que d'une manière pour nous tous à fait incompréhensible l'imagination peut non seulement rappeler à l'occasion les signes des concepts, même après un temps très long, mais encore reproduire l'image (bild) et la forme de l'objet à partir d'un nombre inexprimable d'objets de différentes espèces ou d'une seule et même espèce. Bien plus, lorsque l'esprit est disposé à effectuer des comparaisons, l'imagination peut effectivement, selon toute vraisemblance, bien qu'on ne puisse en avoir conscience, faire venir une image sur une autre et obtenir par la congruence de plusieurs images d'un même genre, un type moyen qui servira de mesure commune pour toutes (cf. Idée-normale) (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §17, p74-75).

 

Incrédule (Unglaube):

C'est s'attacher à la maxime de ne pas croire en général aux témoignages (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §91, p275).

 

Incroyant :

C'est celui qui dénie toute valeur à ces Idées rationnelles, parce qu'il n'y a pas de fondation théorique de leur réalité (Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §91, p275).

Intérêt (Interesse):

Tout intérêt présuppose un besoin ou en produit un, et comme principe déterminant de l'assentiment, il ne laisse plus le jugement sur l'objet être libre (Critique de la faculté de juger, Section I, Livre I, §5, p55).

 

Isis ou la mère nature:

On n'a peut être jamais rien dit de plus sublime ou exprimé une pensée de façon plus sublime que dans cette inscription du temple d'Isis (la mère nature) :

 

"Je suis tout ce qui est, qui était et sera, et aucun mortel n'a levé mon voile" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §49, p146).